samedi 7 décembre 2013

Article n°20 : Logical fallacies

Impossible de trouver un bon titre d’article en français de nos jours. Pardon à tout les non-anglicistes. Mais il y a cette fois-ci (par rapport aux 12 fois précédentes…) une bonne raison : le terme "fallacies" est quasiment intraduisible. Le mieux que l’on puisse faire, c’est illusion. Nous n’avons garder en français que l’adjectif fallacieux ("qui est basé sur un mensonge ou un faux").
Donc que signifie "logical fallacies" ? C’est un groupe de raisonnement qui ont l’apparence de la logique mais qui n’en sont pas. Et pourquoi un article sur ces raccourcis ? Simplement parce qu’ils pourrissent les débats depuis des milliers des années et qu’il est important de savoir les reconnaître pour pouvoir les contrer.

Depuis des temps immémoriaux, les philosophes se méfient des raisonnement pseudo-logiques camouflés sous des couches de rhétorique bien préparée. Déjà Aristote et Platon mettait en garde les politiciens et les orateurs, et les enjoignaient à n’utiliser que la logique dans leurs discours. Dans Gorgias par exemple, Platon s’en prends violemment aux sophistes pour leur manque de rigueur argumentaire.
Pour un peu mieux comprendre, voyons un peu quelques-uns de ces  faux arguments :

- la charge de la preuve : dans une discussion quelconque, le fait de prouver une théorie revient à celui qui l’affirme, et non pas aux autres de prouver qu’il a tort. Cet illogisme se rapproche aussi de l’appel à l’ignorance ou argumentum ad ignorantiam pour les latinistes.
Le fameux " Prouvez moi que j’ai tort" est l’illustration parfaite de cet illogisme, et a permis à des générations de pseudo-scientifiques, de religieux et d’hommes politiques d’ancrer leurs idées dans l’inconscient collectif. Dans le désordre, quelques exemples où l’on a abusé de cet illusion : les médicaments homéopathiques ("prouvez–moi que ça ne marche pas !"), Dieu ("prouvez–moi qu’il n’existe pas !"), la nocivité des OGMs ou des portables ("on n’a pas prouvé qu’ils n’étaient pas nocifs donc ils le sont !"), …
Malheureusement la science et la logique marche dans le sens inverse. Toute théorie doit apporter des preuves de sa véracité.

- Le raisonnement panglossien ou non sequitur : il s’agit de partir d’une conclusion qui s’avère juste et remonter vers l’explication qui nous arrange. Le nom de Pangloss provient du fameux professeur de métaphysico-théologo-cosmolonigologie de Candide qui trouvait le monde tellement parfait, parce que par exemple, une banane est faite pour être facilement épluchée…
C’est cette même erreur logique qui est à l’origine des théories de fine-tuning qui sont censées être la preuve de l’existence d’un créateur. Ceux qui les défendent utilise souvent l’analogie de l’horloge : l’univers est tellement complexe et bien agencé qu’il est quasiment obligatoire de s’imaginer qu’une main d’un hypothétique horloger divin est conçu tous ses rouages. Ici, il est évident qu’il existe beaucoup d’autres explications à la complexification par étage de l’univers, comme par exemple l’évolution progressive (sur 15 milliards d’années quand même !) de celui-ci depuis l’énergie initiale du big bang jusqu’à la vie intelligente sur terre.
En clair, on ne pars pas des conclusions pour arriver à une hypothèse.

- Ad hominem : Ah ! L’attaque personnelle, l’arme préférée des politiciens de tout temps. En clair, cracher sur quelqu’un (sa vie personnelle, son œuvre, ses fréquentations,…) pour miner ses arguments. Certains exemples sont devenus carrément célèbres : au hasard (mais pas vraiment) Marine Le Pen qui refuse de débattre avec Daniel Cohn-Bendit dans les années 2010 sur la dépénalisation des drogues douces au parlement Européen parce que celui a été accusé de pédophilie dans les années 80 (pas devant la justice d’ailleurs, juste sur la place publique). On peut citer de la même manière les accusations d’hérésie et de sorcellerie des scientifiques par l’église quand les thèses de ceux-ci ne leur plaisaient pas.
Pour illustrer celui-ci, je vous conseille cette vidéo de SMBC qui propose de recourir à l’AK47 pour soigner ceux atteint de ce grand mal. Même en temps que pacifiste, je suis plutôt d’accord…



- La pente glissante : un type d’argumentation qui est revenu des dizaines de fois dans l’actualité récente. Il prétend que si on laisse A arriver, alors Z va se passer, donc A ne devrait pas arriver. Le problème est que ce raisonnement ne s’intéresse pas au problème étudié mais décale l’attention sur d’hypothétiques conjectures sans fondement.
L’exemple le plus frappant est le mariage gay, où une grande partie des arguments consistaient à prétendre qu’en le permettant, on autoriserait ensuite la procréation pour tous, ou qu’on légaliserait la polygamie, ou pourquoi pas parfois la zoophilie, la pédophilie...
Sauf que les lois sont justement là pour mettre des barrières sur ce qui est acceptable ou non. En déplaçant une barrière, on ne fait pas tomber toutes les autres !


- Couper la poire en deux : C’est prétendre qu’il existe toujours un compromis entre deux points de vu extrêmes. Dans la plupart des cas, un accord sur un problème est quelque chose de souhaitable mais deux points de vu opposé ne se valent pas forcément, et le milieu de ces deux arguments n’a parfois aucun sens. Un compromis entre la vérité et un mensonge est encore un mensonge !


- L’argument d’autorité supérieure : Ici, plusieurs cas, comme en appeler à Dieu, à une autorité (par exemple scientifique) ou au peuple. A chaque fois, cet argument consiste à prétendre que Yavhé, la multitude ou Aristote ont toujours raison. Et à chaque fois ce n’est pas un argument, juste un bouclier derrière lequel se cacher.

- L’anecdote : Le plus utilisé des arguments fallacieux chez les politiciens. Quand des statistiques ne nous plaisent pas, on les remplace par des histoires personnelles. C’est le fameux "Vous savez, moi, dans ma circonscription, j’ai une mère de famille qui s’est fait attaquée par des voyous" dans le débat sur l’insécurité. Oui, il existe toujours des faits divers de violences et de délinquances en France, mais les chiffres ne mentent pas, elle a baissé énormément ces trente dernières années !
Lorsqu’on argumente, seuls les chiffres comptent.

Il existe beaucoup d’autres illogismes argumentaires : en appeler aux émotions du public, confondre naturel et bon, les faux liens de causalités, juger un argument sur sa provenance, etc… Je vous conseille le site yourlogicalfallacyis.com qui en détaille encore un certain nombre.
La prochaine fois que vous écoutez un débat télévisé, n’hésitez pas à faire le compte des vrais et faux arguments. Vous comprendrez vite que les politiciens ne s’intéresse pas énormément à la vérité mais plutôt à une version déformée qui les intéresse.

Sur ce je vais m’écouter un peu de Arctic Monkeys pour me déstresser.




samedi 8 septembre 2012

Article express : Bonum communis


Retour dans des domaines moins politiques pour ce nouvel article, je m’attaque aujourd’hui aux notions de bien et de mal (minuscules dans les deux cas).
Alors, il existe plusieurs définitions de ces termes, depuis le très judéo-chrétien passage sur la balance qui détermine la destination d’une âme, jusqu’au beaucoup plus prosaïque respect de  la loi qui nous permet de vivre en communauté.
Il faut distinguer donc plusieurs types de bien ou de mal. Oublions tout de suite les notions de Bien supérieur ou de Mal suprême (avec majuscules cette fois-ci). Si ces extrêmes existent véritablement, ils ne sont pas à la portée des petits singes que nous sommes. Ils sont soit d’ordre divin (réel ou imaginaire) soit des limites philosophiques. De plus, ces qualificatifs servent en général à autoriser des actions qui vont à l’encontre du bien commun.
Car il s’agit bien de cela : de bien commun, ou de mal à son encontre. Et c’est là que ça se complique.

D’abord le bien commun est-il bonheur collectif (d'une communauté) ou général (de ses membres) ? Quel est celui à prioriser ? L’un peut-il aller à l’encontre de l’autre ? Les deux restent évidemment intimement liés. Notre société a fait le choix (pas vraiment conscient) de très largement promouvoir le bonheur personnel, en particulier dans son aspect matériel. Et étonnement, de ne pas assurer son minimum pour tout le monde ! Nous laissant littéralement tremblant sur l’échelle sociale, tentant d’agripper le barreau suivant sans tomber tout en bas…
Le bien commun des individus est garanti par les lois et elles établissent les libertés de chacun, qui s’arrêtent où commencent celles des autres.

Ensuite il est évident que ces notions de bien et mal dépendent de la culture dans lesquelles ont les emploient. Pourquoi ? Simplement parce que les savoirs que nous inculquons aux enfants comprennent la base des règles de vie en société, qui comportent les impératifs moraux, les actes condamnables ou les règles à ne pas transgresser.
Et comme la culture évolue avec le temps, il n’est pas très imprudent de s’imaginer que le spectre des valeurs évolue aussi.
Du coup ce que nous prenons pour des valeurs absolues sont en fait très variables à l’échelle de quelques siècles, voir décennies. Des milliers d’exemples existent, comme le droit des femmes, notre organisation sociale, la place de la religion dans la société ou le respect de la vie. Dans tous ces domaines (et bien d’autres), il existait des absolus, bons ou mauvais, qui ont complètement changés, simplement parce que le temps a passé et que les humains sont devenus plus savants ou conscients. Difficile après cela d’imaginer les limites du bien commun dans quelques siècles. Nos descendants trouveront-ils horrible que nous consommions de la viande ? Ou que nous ayons eu des cellules familiales aussi rigides ?

Comment, du coup, considérer que les impératifs moraux qui nous façonnent sont valides, puisqu’ils risquent de changer d’ici quelques années ? Faut-il se raccrocher au passé et toujours défendre les valeurs de nos parents, sans remettre en cause quoi que soit, mais en ayant la certitude d’utiliser des règles éprouvées ?
La réponse est non, évidemment non.
L’amélioration des conditions de vie humaine, principalement provoquée par nos progrès scientifiques, va de pair avec une conscience de plus en plus développée issue de nos avancées éthiques et philosophiques. Contrairement à ce que beaucoup pensent cependant, le progrès ne s’effectue pas en ligne droite mais plutôt en arbre. Et toutes les branches ne sont pas aussi touffues les unes que les autres, ni n’avancent à la même vitesse. Des choix (pas très conscients encore une fois) sont à faire quant à l’orientation éthique de la société. Les débats sur le mariage homosexuel, la légalisation des drogues douces ou le rallongement de la durée de cotisation à 62 ans ne sont que la partie émergée de l’iceberg. La crise financière et économique récente (directement liée à notre définition du bonheur personnel et des moyens de l’atteindre) commence à engendrer une réflexion sur l’organisation du monde, l’assurance d’une sécurité matérielle pour tous ou encore la vraie définition d’une démocratie.

Le bien commun n’est pas qu’une idée abstraite. Il définit, plus que ce qui est acceptable dans une société, ce qui est nécessaire à chacun de ses membres. Il serait peut être temps de réfléchir exactement à ce que nous voulons pour nos enfants et le faire savoir…



Et pour finir, un petit dessin pour illustrer le niveau de la campagne présidentielle américaine…

lundi 23 avril 2012

Article express : Argumentum ad populum.


Bien, j’avais écrit un article il y a quelques mois pour cracher sur les électeurs du front national suite aux élections cantonales de mars 2011. Je réitère donc mes insultes à l’immense bande de crétins qui votent à l’extrême droite. Au moins, il est bon de se rendre compte qu’il y a un peu de constance dans ce monde de brutes…

L’idéologie du FN ne brille pas vraiment par sa nouveauté, en écoutant Marine hier soir, j’ai eu presque peur qu’elle glisse les mots "travail, famille, patrie" dans son discours et appelle à soutenir le maréchal coute que coute… Tous les sujets abordés par l’extrême droite sont vieux et dépassés : depuis le racisme primaire contre les étrangers jusqu’à la défense des "vraies" valeurs françaises (qui sont quoi au juste ? Jeter dehors les réfugiés des révolutions arabes et maintenir des dictateurs en place ?) en passant par la ruralité et la place de la France (F majuscule important, de préférence de taille XXL) dans le monde. Ce qui est intéressant, c’est que ces sujets étaient déjà démodés il y a 75 ans, alors pourquoi font-ils recette aujourd’hui plus que jamais ?
D’abord parce que nous, humains en général, sommes des imbéciles et que nous imaginons toujours que notre âge d’or est derrière nous. Pour les Le Pen, celui-ci se trouve il y a un siècle, avec un pays colonialiste, des valeurs familiales bien rigides et un patriotisme absolu. Et ce genre d’idylle parle au peuple, c’est une fable où les petits villages sont bien tranquilles et calmes, où les enfants vont à l’école non-mixte en uniforme, où le gendarme fait un grand salut aux ouvriers qui partent travailler. Bien entendu tout cela est faux, les progrès sociaux, économiques, scientifiques et éthiques sont absolument indéniables depuis le début du XXème : l’utopie d’une société meilleure est dans le futur, pas dans le passé…
Ensuite, impossible de savoir précisément si l’affaire Merah a joué un rôle dans cette poussée frontiste, mais on a déjà vu des psychoses faire basculer des élections. Passons immédiatement sur l’horreur de ces évènements, s’attaquer à des enfants est de la barbarie pure et simple, et révèle en plus d’une lâcheté sans borne. Même si l’émotion provoquée par ces actes est immense, il est important d’analyser aussi objectivement les faits : je me fais définitivement l’avocat du diable mais il est à peu prêt sûr que si les meurtres avaient liés à un psychopathe néo-nazi, les dernières semaines de campagne n’aurait pas eu la même orientation et le résultat aurait pu être différent. Pourtant ces meurtres auraient été les mêmes, issus de la folie d’un homme qui se croyait investi d’une idéologie ayant plus de valeur que la vie des hommes.

L’opinion du peuple est toujours changeante. Le fait que la majorité ait toujours raison (Argumentum ad populum, pour les non-latinistes) ne marche que dans le cadre d’une société bien informée, mature et réfléchie. Nous vivons dans une qui n’est aucun des trois.

Pour finir sur une note encore plus acerbe, un petit message à tous ceux qui n’ont pas voté hier et qui se plaignent ce matin des résultats : la prochaine fois, essayez donc de vous rappeler que dans certains pays frontaliers l’abstention est un délit (passible de 500 à 1000€ d’amende pour récidive au Luxembourg) et servez-vous un peu de ce droit fondamental pour lequel sont morts des milliers de citoyens.

mardi 10 avril 2012

Article express : les pouvoirs qui ce qui se cachent derrière la République


Notre charmante république, comme il a déjà été longuement débattu sur ce site, n’est pas aussi démocratique que ce à quoi on pourrait s’attendre. Une des raisons majeures de ce problème est le manque de contrôle du citoyen sur les institutions et le gouvernement.

En fait, la république est constituée principalement de trois pouvoirs (cf Alain):
-       Le pouvoir exécutif qui est monarchique, principalement. L’exécutif, c’est l’action, et par voie de conséquence, il faut quelqu’un qui commande. D’autant plus qu’avec des élections présidentielles très espacées, ils n’existent que peu de moyens de pressions sur un gouvernement en place.
-       Le pouvoir parlementaire et juridique lui plutôt aristocratique et oligarchique. Sa place plus ou moins prépondérante selon les pays provient principalement de la spécialisation et de l’expertise que requièrent la gestion et l’administration de l’état. Et ne nous voilons pas la face, la France possède un système administratif gargantuesque.
-       Le pouvoir de contrôle démocratique exercé par le peuple, autrement dit les élections et les referendums. Et oui, malheureusement, la démocratie n’est actuellement qu’un moyen de contrôle sur le gouvernement, pas un pouvoir décisionnel. J’en veux pour preuve le nombre de referendums de ces 20 dernières années : seulement 2.
Un autre moyen de faire valoir ses opinions existe pour le peuple : la manifestation ou la grève selon les cas. Le problème c’est que cette capacité n’est pas reconnue par les deux autres pouvoirs et n’aboutit pas nécessairement à un contrôle. Il représente plutôt une action révolutionnaire qui s’inscrit en dehors d’un fonctionnement normal de la République. Oui autrefois on coupait la tête de nos monarques, aujourd’hui, on marche jusqu’à Bellecour, mais le principe reste le même.
-       Certains voudraient voir un quatrième pouvoir dans les médias. Ce n’est pas toujours évident. La plupart des journalistes ont beau s’en défendre, ils restent quand même des êtres humains normaux avec des convictions, souvent sujettes à une pensée asymétrique féroce. Donc on ne peut pas vraiment parler d’un organisme indépendant qui ne ferait qu’enquêter et informer en toute objectivité. Il faut sans doute le rapprocher là aussi d’un moyen de contrôle du peuple sur le gouvernement et l’administratif, avec ses dérives.
-       Passons sur le pouvoir économique, qui influence de plus en plus les décisions des deux premiers. Sans doute le seul vrai pouvoir qui émerge des dernières décennies d’histoire. J’y reviendrais dans un futur article.

Tous ces pouvoirs s’affrontent constamment.
Le monarchique considère que l’oligarchique est trop lent et discutaille trop. Il veut plus d’action et de prise de positions. De même il trouve que le pouvoir de contrôle du peuple est trop aléatoire et changeant. L’oligarchique accepte mal de recevoir des ordres du monarchique ou du peuple, considérant qu’il est le plus spécialisé donc le mieux à même de répondre aux problèmes.
Le peuple quant à lui, dépositaire d’un pouvoir démocratique réduit à peau de chagrin, essaie principalement de survivre, désormais relativement conscient que ses choix en matière d’élections n’influence que peu l’orientation de la société. Noal Chomsky, dans sa grande connaissance des affaires mondiales, n’arrêtent pas de répéter que nos démocraties sont en fait des états despotiques extrêmement retors, qui fabriquent du consentement à coup de médias de masse et qui excluent le citoyen d’un quelconque rôle décisionnaire en oubliant bien consciencieusement de lui expliquer les décisions qui sont en train d’être prises…

lundi 5 mars 2012

Article Express : Démocratie II


De nouveau quelques pensées sur notre belle république à la veille d’élections qui vont une fois de plus modifier (un peu) nos vies pour les 5 prochaines années. Comme d’habitude, je vais essayer de rester neutre et impartial (bien que ça devienne difficile) et parler de sujets que peu ont pour l’instant abordés.

Les effets pervers de l’élection. Les élus de la République semblent tous penser que l’accès à leur fonction par suffrage leur donne un chèque en blanc pour la durée leur mandat. Notre très cher (plus pour longtemps) président lui-même répétait à de nombreuses reprises qu’il avait été élu pour agir. En opposition à quoi ? Réfléchir ? Demander l’avis de ses concitoyens ? Faire un peu d’explications et donner une vision globale de sa politique ?
La seule voie vers une vraie démocratie passe par des referendums constants. Et au passage, il est temps pour nos dirigeants d’arrêter de se cacher derrière l’excuse de la complexité de l’état pour éviter la mesure précédente. Tout le monde a un avis sur les questions de société et est capable d’équilibrer un budget (contrairement à tous les gouvernements de ces 20 dernières années).

Ne pas mélanger le pouvoir spirituel et temporel. C’est un vieux débat, lié à la séparation de ce qui concerne l’âme et les choses bassement terrestre, et qui provient de notre héritage judéo-chrétien. Les dirigeants ont le pouvoir temporel, mais voudrait être adulés, aimés et finalement idolâtrés. Et nous voudrions leur donner tout ça, parce que la gloire de la nation est quelque chose qui résonne dans le cœur des hommes. Sauf que c’est exactement la route de la perte de liberté, de la pensée asymétrique et du nationalisme.
Il y a une grande différence entre obéissance et adhésion aveugle. Nous devons obéissance à l’état pour éviter l’anarchie mais la liberté qui nous appartient passe par la résistance et l’expression de nos opinions, sans quoi nous tombons dans la tyrannie.
Nous ne devons pas aimer nos dirigeants, et encore moins nos candidats. Et ils ne doivent pas chercher les applaudissements de la foule.

"L’esprit est ambitieux; tel est le ressort de toute l’injustice." Cette maxime d’Alain est le fondement par exemple de l’existence d’une classe politique professionnelle et spécialisée (pour ne pas dire presque héréditaire).
Tout le monde veut diriger, et plus on est intelligent, plus ce besoin est fort, ne serait ce que pour le faire mieux que le ou les crétin(s) actuellement en place. C’est à la fois très dangereux et très naïf. D’abord parce que cela pousse certains à vendre leur âme pour une parcelle de pouvoir, ensuite parce que cette nécessité de commander entretient l’illusion qu’il est normal d’avoir une seule personne à la tête d’un état. Nous sommes dans une démocratie, bon sang ! Cela fait longtemps que nous aurions dû dépasser le stade de la dictature éclairée.


Petite remarque pour finir, au risque de briser mon vœu de neutralité dans cet article pré-élection : je ne crois pas que les problèmes économiques français proviennent de voyous étrangers trafiquants de drogue qui se payent des berlines avec les allocs de leurs 12 enfants issus de trois femmes différentes. Si vous trouvez que la caricature est un peu poussée, félicitations ! Vous avez plus de matière grise qu’un régiment complet d’électeurs du FN. A bon entendeur, salut !

Et parce que je me suis (en partie) rasé cette semaine, l’histoire cachée derrière le fameux rasoir d’Occam :

mardi 28 février 2012

Le petit mercredi apolitique de gaets n°19 : Islam et Etats


Petit article en cette période de début de campagne présidentielle sur un sujet difficile : l’islamisation des pays arabes, principalement de ceux sortant de leurs printemps. Pourquoi est ce que ça a de l’importance à quelques mois de l’élection qui nous donnera un nouveau chef d’état ? Parce que le rapport aux nouvelles démocraties du Maghreb, l’immigration qui en vient et notre vision de nos propres compatriotes musulmans sont trois sujets dont on entendra parler, ne serait-ce que dans le débat droite – extrême droite.
Certes, on peut trouver préoccupant l’émergence de tout un tas de partis islamistes au moyen orient. Est-ce pour autant une raison d’intervenir partout, d’imposer des sanctions ou de s’inquiéter de l’immigration qui résulte des changements occasionnés ?
Donc comme toute dissertation qui se respecte, faisons un plan thèse-antithèse-synthèse.

Quelle est la règle numéro un de la politique étrangère ? Pas d’ingérence dans les affaires internes d’autres pays. Voilà, c’est dit.
Bon, la réalité est un peu plus compliquée. On ne peut décemment pas laisser des peuples se faire opprimer ou décimer en ayant la conscience tranquille, c’est pourquoi il était temps d’intervenir en Lybie. Mais la diplomatie doit être la première étape, pas comme les gros sabots américains en Afghanistan et en Irak par exemple.
Mais lorsqu’un peuple s’est engagé sur le chemin de la démocratie en gagnant ce droit par une révolte qui lui a couté de nombreuses vies, de quelle autorité nous prévalons-nous de juger le gouvernement qu’il élit ? Et si ce passage par un gouvernement allié aux religieux était nécessaire ? N’oublions pas que dans tous ces pays, le pouvoir qui était en place (souvent d’origine militaire) ne s’appuyait pas sur les islamistes et même plutôt les combattait, voir même opprimait les religieux. Difficile dès lors d’en vouloir à une population de vouloir retrouver ses racines. Le même phénomène s’est déjà produit en Russie, où à la suite de l’effondrement du communisme, on a assisté à un grand retour vers la religion orthodoxe.

D’un autre côté, il est difficile de ne pas s’inquiéter pour l’évolution de la pluralité, des rapports aux autres cultures ou religions et des droits de l’homme dans les pays concernés, en particulier ceux de la femme (si vous trouvez une contradiction dans cette phrase, c’est que nous vivons dans un pays de misogynes linguistiques). Et là, on a beau camoufler ça sous le beau manteau de la culture et tenter de laisser faire, on peut être sur que des retours en arrière sont à prévoir. Oui, par exemple d’un point de vu sociologique et culturel, les femmes obligées de se voiler, qui ne peuvent gérer leur argent et leurs biens, et qui sont considérées subordonnées aux hommes, c’est de l’obscurantisme. De même que l’ostracisation de son voisin parce qu’il n’a pas la même religion ou les mêmes idées politiques (ça marche aussi chez nous).
Alors, on en arrivera peut être pas là, mais les extrémistes de tout poil sont toujours à surveiller, en particulier lorsqu’ils se font appeler Salafistes. Ces fameux intégristes venus d’Arabie Saoudite  (où ils se font appeler wahhabites) représentent aujourd’hui le courant le plus dur de l’Islam. Et grâce à l’argent du pétrole, ils tentent de répandre leur doctrine dans le monde musulman, profitant des printemps arabes comme ils avaient profité de la guerre en Bosnie : on leurs doit  par exemple la construction de la plus grande mosquée en Europe (la mosquée du Roi Fahd à Sarajevo).

Bon, pour faire avancer un peu le schmilblick, il faut se tourner vers les dernières infos et vers les grands partis religieux qui sont majoritaires en Egypte, Tunisie et Maroc, respectivement "Liberté et Justice", Ennahda, et le "Parti de la justice et du développement" ainsi sans doute que celui des prochaines élections libyennes.
Aucun d’entre eux ne brigue pas la présidence de leur pays. Malgré le fait qu’ils soient chacun arrivés premier dans élections post révolution et puissent numériquement imposer le candidat de leur choix, ils ont tous décidé de former un gouvernement d’union avec les autres partis. De plus, tous ont fait le choix de conserver des relations diplomatiques cordiales avec l’occident (et en particulier les Etats-Unis). Enfin, en Egypte, comme en Tunisie, ils se sont opposés aux Salafistes.
Est-ce que tout ça n’est pas exactement le comportement que l’on attend de grands partis républicains ? Du coup, il semble bien que démocratie et Islam ne soient pas incompatibles, contrairement à ce que nous chuchotaient nos peurs occidentales (pas nécessairement infondées). Ces nouveaux gouvernements sont tout jeunes, il faut peut être commencer par leur donner le bénéfice du doute.

Et pour finir, un  paragraphe rapide sur les remarques de certains partis français (plutôt à droite, ne nous mentons pas…) suite à l’immigration provenant des nouvelles démocraties arabes et à la peur que provoquaient les révolutions:
Petit rappel historique : tous les pays monarchiques ont déclaré la guerre à la France lorsque celle-ci a raccourci son Roi, par peur de la contagion des idées révolutionnaires et du flot d’immigration qui suivrait dans leur pays. Comment est ce que notre belle nation, héritière de cet esprit de combat contre l’oppression, peut aujourd’hui avoir peur de ces voisins qui s’émancipent de la dictature ? Ou rejeter ces populations qui fuient la guerre ? Ca ne vous donne pas légèrement envie de vomir ?
La peur et l’ignorance sont les deux armes favorites des populistes (autre nom des fascistes). Les utiliser une veille d’élection n’est rien de plus qu’un moyen de détourner l’attention des vrais problèmes, qu’ils soient économiques ou sociaux. Lorsque vous déposerez vos bulletins dans l’urne, faites le pour les bonnes raisons !

jeudi 5 janvier 2012

Le petit mercredi apolitique de gaets n°18 : De la nécessité de nourrir 8 milliards d’êtres humains


Et oui, la population humaine est en train de suivre une évolution qu’on attribuerait volontiers à celle d’une espèce de criquet qui dévore tout sur son passage avant de tous mourir faute de ressources. Évidemment, l’échelle de temps est un peu plus grande de notre côté mais il n’empêche qu’on se doute tous que la planète ne peut supporter qu’un nombre fini d’humains. Ce nombre, selon les spécialistes, peut varier de 4 milliards (on serait déjà en surpopulation) à une centaine de milliards pour une planète exploitée de façon optimale.
Dans un article précédent, j’exposais ma certitude que l’espace était notre nouvelle frontière et que c’est seulement en l'atteignant que nous pourrions assurer un avenir à l’humanité. Mais soyons honnêtes, même si nous étions en mesure de nous installer ailleurs, on ne transporterait sans doute pas des milliards de personnes jusqu’à cette nouvelle destination. La surpopulation va frapper notre petite planète tôt ou tard, c’est une certitude.

Le problème qui nous intéresse ici, outre ceux de place, d’accès à l’eau ou de tensions internationales, c’est celui de la mangeaille. Sachant que nous mangeons de plus en plus (3600 kcal/hab/jour pour les pays industrialisés alors que l’on peut se satisfaire de 2800) et que nous cuisinons de moins en moins, une foultitude de techniques ont été inventées pour fabriquer de la nourriture moins chère et en plus grande quantité. Depuis le bœuf cloné américain jusqu’à l’huile de palme indonésienne, en passant par les engrais, pesticides et autres OGM, l’industrie agro-alimentaire, contrairement à ce que l’on pourrait penser, est très consommatrice de “nouvelles” technologies.
Mais chacune de ces avancés nous éloignent de ce que nous considérons comme de la nourriture “idéale” qui serait produit dans des fermes bucoliques où les moutons et les choux seraient heureux.
Passons sur la débilité de cette image mentale, voilà où l’équation se complique vraiment : et si il était nécessaire de produire intensivement de la nourriture pour faire manger tout le monde ? Les premiers engrais chimiques de 1800 et la mécanisation des travaux agricoles ont probablement sauvé l’Europe de la famine. Et si nous vivons aujourd’hui jusqu’à 80 ans, c’est aussi en grande partie parce que nous mangeons beaucoup plus sainement, que nos aliments ne sont pas infestés de bestioles et de maladies. En clair, nous vivons mieux parce que nous arrosons nos plantes de pesticides.
Parlons maintenant des OGMs : je suis plutôt quelqu’un de prudent et je hais la façon dont certaines sociétés qui vendent des semences modifiées travaillent, mais où sont les preuves que celles-ci sont dangereuses pour la santé ? Faut arrêter l’obscurantisme ! Avoir peur de quelque chose parce que c’est nouveau, c’est de la bêtise caractérisée (exactement le même débat que ce que j’entends ces temps-ci sur les nanotechnologies). Si la recherche se poursuit et que l’on aboutit à ce qu’on nous promet (des plantes demandant peu d’eau pour la sécheresse en Afrique, ou immunisée à certaines maladies, etc...), pourquoi se priver de ces avancés ?

J’espère que vous l’aurez compris, je me fais ici l’avocat du diable, je ne suis pas un ardent  défenseur de nourriture mal produite. Cependant je ne peux m’empêcher de penser qu’il est impossible de nourrir 8 milliards d’êtres humains au bio (désolé Mélanie !), simplement parce que cela voudrait dire cultiver chaque parcelle de terre utilisable (et donc réduire l’écosystème sauvage, bonne prise de tête messieurs les écolos !), remettre tout le monde dans les champs et se préparer à des épidémies de choléra.
D’un autre côté, des progrès ont été faits : l’industrie agro-alimentaire française et européenne (ce qui signifie une minuscule part de la bouffe produite dans le monde) a effectué un virage pour le mieux. De très nombreux pesticides dangereux ont été interdits, les doses de produits chimiques réduites drastiquement et tout cela sans baisse de rendements. L’agriculture raisonnée fait son petit bonhomme de chemin dans les mentalités.

La crise alimentaire (flambée des prix et famine dans certaines régions du globe) commence lentement à pointer le bout de son nez. Elle est en plus très largement aggravée par la mise en place d’un marché d’obligations sur les récoltes et par le dérèglement climatique.
Quelques réponses à ce problème :
- Changeons nos habitudes alimentaires : nous surconsommons certains aliments qui coûtent très chers à produire. Un exemple ? La viande, avec le bœuf et le porc en tête en termes de consommation dans les pays industrialisés. Il faut 8kg de céréales pour produire 1kg de viande bovine, 5 pour 1kg de porc et seulement 1 pour 1 kg de volailles. Sans compter que les élevages bovins sont parmi les plus grands producteurs de gaz à effet de serre (le méthane) ! Il serait peut être temps de se raisonner un peu…
- Arrêtons de spécialiser des pays entiers dans une seule production : cacao en côte d’ivoire, huile de palme en Indonésie, les biocarburants dans les pays d’Amérique du sud et j’en passe… Une population devrait tout d’abord être en mesure de se nourrir soi-même. Et cela n’a aucun sens de faire voyager de la nourriture sur des milliers de km dans des soutes de cargo pour gagner quelques centimes par tonnes.
- Laissons leur chance aux nouvelles technologies agro-alimentaires. Tout ce que nous mangeons est issu d’un processus de croisement ou d’hybridation, et n’est en aucun cas naturel. Autant se faire une raison et essayer d’éviter de mélanger ce qui est issu d’une peur panique des technologies modernes (même genre de peur que celle du nucléaire) et ce qui est réellement mauvais pour nous.
- En finir avec la bourse qui met ses gros doigts dans le marché de la nourriture mondiale. Assurez la valeur financières de ses récoltes à venir est plutôt une bonne idée pour les paysans, mais il est complètement fou de jouer ce montant sur les places financières. C’est à un organisme international de réguler les prix des matières premières alimentaires si il y a une famine quelque part, pas aux traders de Wall Street.

Etonnamment, et pour finir sur une note encore plus grave, la crise alimentaire sera probablement l’aspect le moins épineux de la surpopulation mondiale, loin derrière l’accès à l’eau, la pollution et les tensions issues des disparités sociales.
Je vous laisse sur ces bonnes paroles et je vais manger mon quinoa-poulet du soir. Bon appétit !

mardi 6 décembre 2011

Article express : refaites votre choix


Personnellement, je ne crois pas au destin, je crois aux choix (oui au pluriel). Alors oui, à l’heure de la physique ultra déterministe, ça peut sembler étrange mais je trouve ça à la fois étonnement exaltant et carrément effrayant. Dans un article précédent, je crachais légèrement sur la fameuse (ou fumeuse ?) théorie des univers multiples (ou Many Worlds Interpretation pour les anglicistes) qui prêche que tout ce qui est possible s’est accompli dans un autre monde. Je déteste philosophiquement cette vision en plus de sa valeur scientifique que je trouve nulle (je lui reconnais par contre la paternité d’une série TV qui a bercé mon enfance, mais qui se rappelle encore de "Sliders" ?). Elle nous donne l’impression que tout peut arriver, que tout est relatif et que nous aurions pu faire des choix radicalement différents dans des conditions identiques.
Quelques petits exemples pour illustrer tout ça : si nous sommes réellement en mesure de faire n’importe quel choix, alors il existe un univers où nous (l’humanité en général) avons fait tous les bons (d’un point de vu éthique) ergo le paradis existe. Oui, on peut être un athée convaincu et soutenir ce genre de chose par physique quantique interposée. Inversement et proportionnellement, un enfer doit trainer quelque part (à moins que ce quelque part soit ici ?).
Là deux choix s’offrent à vous : soit vous vous imaginez que jamais vous n’assassinerez votre voisin, et dans ce cas votre volonté et votre éthique se dresse contre les mathématiques et la physique et votre moralité devient une force aussi puissante que l’électromagnétisme. Soit vous continuez à penser que tout est possible et vous deviez peut être commencer à penser à vous inscrire à l’église la plus proche de chez vous.

Bien, maintenant que l’on a bien ridiculisé les physiciens quantiques, revenons à nos moutons. Tout ça pour dire quoi : beaucoup dépend des choix que nous faisons. Notre monde est construit sur une multitude de choix qui ont été fait à un moment ou un autre, consciemment ou pas. Toutes nos vies sont bercées par ces positions. Pourquoi avoir des sociétés modernes basées par exemple sur le déplacement privé des personnes ? Pourquoi un milliard de voitures et des dizaines de millions (je rigole pas) de km de route ? Il est évident que c’est une option, mais on aurait aussi pu faire différemment.
Quid de notre schéma économique ? De notre organisation familiale ? Notre système universitaire est basé sur les décisions arbitraires d’un empereur, et que dire de nos frontières, de notre langue, de nos codes vestimentaires ou même de nos avancés scientifiques ? Tous ces piliers de nos sociétés sont des écrans de fumées. Tout aurait pu être différent, le monde n’est pas destiné à être ce qu’il est actuellement (il n’est destiné à rien du tout).

Couplez tout ceci avec une prise de conscience du fameux effet papillon (toute action a des conséquences, parfois gigantesques, qui ne sont pas forcément anticipables) et l’histoire humaine prend un aspect presque tragicomique. Tous nos grands thèmes de sociétés devraient être passés à la moulinette du "réfléchissez bien, et refaites votre choix". Il n’y a pas de fatalité ou de destin, particulièrement lorsqu’il s’agit du futur de l’humanité. Tout est possible, tout est envisageable. 

mardi 25 octobre 2011

Article express : l’homme complet ou les fausses joies de la spécialisation


Il existe désormais depuis de nombreuses années une tendance étrange et bizarre avec laquelle le monde entier semble en phase, mais qui va presque à l’encontre de ce que nous pouvons souhaiter pour nous-mêmes : il s’agit de la spécialisation. Elle intervient dans de très nombreux domaines, mais elle est le plus visible dans nos choix d’études et de carrières.
Notre système éducatif nous pousse dans les domaines où nous sommes doués. Ça peut sembler normal, quelqu’un doté d’un esprit analytique sera plus efficace à faire des maths qu’à comprendre la philosophie. Et c’est finalement cette façon de choisir ses matières que nous appliquons un peu partout ensuite : chercher où nous sommes doués et s’appliquer à devenir encore meilleurs, enfin toujours plus spécialisés.

Juste une petite remarque comme ça en passant : vous connaissez beaucoup de véritables utopies où la société est super spécialisée en différents métiers et classes ? Pas vraiment, hein. C’est même carrément le contraire, les dystopies ("le meilleur des mondes" au hasard) montrent toutes en général des réalités où la prédestination a rendu l’homme esclave, l’enchainant dès sa naissance à une place, un métier et un rôle.
C’est sûr, le monde occidental du XXIème siècle est loin du darwinisme social, mais lorsque l’on s’imagine une société idéale, et par là même des humains idéaux, est ce qu’on ne se représente pas exactement le contraire d’humains spécialisés ? Je vois plutôt le monde futur peuplé de gens ayant des connaissances sur tout, pouvant aussi bien parler philosophie, physique, économie ou histoire.
Ce sont ces mêmes problèmes qui produisent aujourd’hui des scientifiques très forts dans leurs domaines extrêmement pointus mais qui sont incapables de s’intéresser à autre chose, voir qui considèrent tout le reste comme non digne d’intérêt.

Nous devrions mettre en place exactement le contraire de ce que nous faisons actuellement avec nos enfants : les pousser dans des domaines qu’ils n’apprécient que moyennement, ou dans lesquels ils n’ont pas de facilités. De même qu’on ne laisse pas un muscle s’atrophier sous prétexte qu’il ne nous sert pas trop pour l’instant, l’intelligence humaine et les connaissances qui lui sont liées représentent un corps complet dont il ne faut négliger aucun aspect.

Les hommes ne sont pas des outils spécialisés qu’il faut affuter et ranger dans les bonnes cases de l’atelier de la société. 

mercredi 5 octobre 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°17 : Enfants de la nuit


J’ai lu (ceci) à propos d’une question intéressante il y a quelques jours : le débat sur les premières formes de sociétés primitives et principalement sur la pression extérieure ayant poussée les hommes à se regrouper.
Plusieurs théories s’affrontent, la plus répandue voudrait que les tribus d’australopithèques se soient formées autour de l’idée de la chasse, ou plus exactement autour du sentiment de faim. Ça parait assez normal, la chasse coordonnée permettant d’attraper des proies plus grosses ou plus dangereuses, en réduisant les risques. D’où une jolie histoire où les petits êtres humains dépérissaient loin les uns des autres, avant de se regrouper autour d’un festin de mammouth (ce qui est faux, au passage, le mammouth ne vivait pas en Afrique centrale il y a 4 millions d’années). C’est touchant et très sympa sociologiquement, un passé où nous nous sommes regroupés pour partager, et cela nous donne aussi une image de chasseurs-cueilleurs de nos aïeuls. C’est aussi très très faux.
Le processus d’imagination menant à la mise en place d’un groupe de chasseurs travaillant ensemble va bien au-delà des maigres ressources de nos ancêtres simiesques, et surtout ne relève pas d’un impératif inné. Essayer de faire comprendre à un animal qu’il doit partager sa pitance est impossible, comment s’imaginer que ce type d’organisation est apparu tout seul ? La faim est un élément diviseur dans un groupe primitif, pas unificateur. De plus, n’importe quel grand singe est en mesure de se nourrir seul, pourquoi dès lors se coltiner une ribambelle de boulets qui piqueraient dans son assiette ?

Non, la première pression ayant regroupée les hommes est à la fois beaucoup plus simple et moins romantique. Et surtout elle répond au besoin le plus naturel qui soit : celui de dormir. Et oui, 6 à 8 heures de sommeil dans la nuit noire d’une savane remplie de prédateurs a quelque chose d’un peu flippant. D’où la nécessité d’assurer des tours de garde contre la multitude de choses aux dents pointues rodant dehors. Ce qui a poussé les hommes ensemble, c’est la peur de la nuit ! C’est à la fois risible lorsqu’on vit dans nos sociétés où c’est bien le dernier de nos soucis, et flippant de se rendre compter que la première organisation sociale fut basée sur un sentiment de terreur.
(Saturday Morning Breakfast Cereal !)
La société humaine est l’enfant de la nuit. Ce qui a pour effet un certain nombre de conséquences évidentes :
-      - Les premières sociétés étaient de modèle militaire : pas des chasseurs-cueilleurs mais des adjudants et des troufions. Et pas la version mignonne de la hiérarchie moderne, mais celle brutale d’une peuplade primitive.
-         - Les leaders de seconde génération furent religieux et ils sont apparus très tôt, là aussi à cause se la nuit. Une fois une organisation militaire mise en place pour la garde, il a fallut en effet s’occuper des autres peurs découlant du sommeil et des rêves, comme celle de la mort. Ce qui est donne au passage le rôle des parents dans une cellule familiale : protection physique pour le père, et spirituelle pour la mère. Et oui, les premières autorités religieuses étaient sans doute des femmes. Toujours intéressant dans nos monothéismes patriarcaux actuels…  

Une autre question que l’on peut se poser est que reste-il de cette première peur et de ces conséquences ? Les enfants ont pour beaucoup encore cette peur de l’obscurité et des monstres qui la peuplent, quelque chose qui ressemble pas mal à ce que devaient ressentir nos ancêtres dans la savane. Du coup ce sentiment semble atavique. Et que font-ils dans ces cas là ? Chercher la présence et la protection paternelle ou maternelle, bref la tribu la plus proche. Donc, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, nous ne sommes pas encore débarrassés de cette peur primitive.
Le plus important ici est bien de se rendre compte que la société humaine s’est formée autour du sentiment de peur (peur de la nuit, de la mort et de l’inconnu en général), et donc la psyché, la culture et les interactions de l’humain moyen moderne découlent de ce fait. Il est tout à fait possible que nous ne soyons pas naturellement sociaux, voir au contraire égoïstes et solitaires, et que ce soit nos frayeurs qui nous poussent les uns vers les autres. Et contrairement à ce que les phrases précédentes laissent penser, ce n’est pas triste ou pathétique : la société humaine comme lumière au milieu d’un océan noir de peurs primitives, c’est plutôt un chouette accomplissement !

mardi 20 septembre 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°16 : Démocratie


Inspiré par ceci (merci théo !) et par Mars la bleue de Kim Stanley Robinson.

Le pouvoir au peuple. Ouais, bien sur… Combien d’entre vous ont vraiment l’impression d’avoir un quelconque pouvoir politique, de vraiment influencer les décisions qui façonnent  le pays ? Pas beaucoup j’imagine. Perso, moi non plus.
Et combien pense que ce pouvoir est entre les mains d’un petit nombre de personnes un peu trop proches des intérêts économiques d’une poignée de patrons ?
Et oui, notre joli gouvernement n’est démocratique que de nom.

Nous pensons que choisir nos maitres est la bonne solution plutôt que de se les voir imposés par la force des canons ou par décret divin. Mais ce n’est pas réellement ainsi que doit fonctionner une démocratie. Nous devrions être nos propres maitres, même si cela est flippant parce que ça nous rend responsable de ce qui se passe.
Et sérieusement, vous avez vu le genre de crapules qu’on met à la tête des états ? Berlusconi en Italie : l’homme d’affaire crapuleux qui contrôle les médias privés, Poutine en Russie : l’ex agent du KGB qui met ses ennemis politiques en prison, et chez nous Sarkozy : le traitre  proche ami des grands patrons (M. Bouygues serait pas le parrain de son fils par hasard ?) qui commence par quadrupler son salaire quand il arrive à l’Elysée. Et ce ne sont pas les pires. Le pouvoir attire les ambitieux et leur donne les moyens de faire à peu près ce qu’ils veulent. Même les hommes de bonne volonté finissent par être corrompus par le pouvoir. Rien de nouveau sous le soleil, ce problème est débattu depuis l’antiquité.
En plus, il y a l’immense problème que représente l’élection et ses trois piliers pourris jusqu’à la moelle : argent, médias et rhétorique, voilà ce qu’il faut pour remporter cet exercice. En quoi cela peut-il nous apporter de bons dirigeants ?


D’où un léger problème sur la signification même du mot démocratie, puisque, finalement, nous sommes plutôt dans un système d’oligarchie contrôlée par ceux que l’on nomme désormais les super-riches, les énarques et leurs amis. 
Comme vous le verrez dans la chouette vidéo de théo (accrochez-vous, ça dure quand même 1h30), il n’y a que peu d’exemples de "vraies" démocraties dans l’histoire, et une seule ressort vraiment du lot : la démocratie athénienne, de son invention au 6ème siècle avant JC jusqu’à sa décadence dans le populisme au 4ème siècle.
Pour simplifier, les athéniens ont choisi un moyen radical pour assurer l’égalité politique des citoyens : le tirage au sort, les mandats courts et l’impossibilité d’un second mandat pour la plupart des fonctions du gouvernement et de la magistrature, le tout doublé par une multitude de commissions de surveillance et par des referendums journaliers sur les affaires de la cité. Ça peut sembler un peu barjo comme idée, mais les bénéfices ont été nombreux. Dans le désordre :
-          La fin de la classe politique (et donc de l’oligarchie). Ben oui, dans une cité où tout le monde (sauf les étrangers, les femmes et les esclaves, faut pas pousser non plus) peut être choisi et tenu responsable de ce qu’il fait pendant son mandat, les citoyens s’intéressent aux grandes questions d’organisation et de gouvernance. Du coup, on ne laisse pas le pouvoir entre les mains d’une poignée de tribuns qui pense plus à eux-mêmes qu’à leurs compatriotes. Et le quidam lambda se forge une conscience et une culture politique, ce qui n’est pas négligeable.
-          La rupture du lien entre les super-riches et le gouvernement. Il est juste constitutif du tirage au sort : impossible de soudoyer des élus qui reste en place un an et qui sont surveillé par des commissions indépendantes. Donc adieu les avantages accordés aux soutiens de campagnes et retour au rôle de base du gouvernement : servir le peuple (et tout le peuple).
-          Une vraie responsabilité des dirigeants. Comme ils sont obligés de rendre des comptes à la fin de leur mandat (et qu’ils peuvent être jugés et condamnés), il vaut mieux qu’ils soient sûrs de ce qu’ils font.  Au passage, vous ne trouvez pas suprêmement débile que nos hommes politiques n’aient pas à défendre leur bilan lorsqu’ils partent ? ça éviterait peut être de se retrouver avec une dette qui crève le plafond ou des années d’avant élection vide de toute réforme mais pleines de fausses promesses (oui, je parle de 2011-2012).

Pour le coup, le livre Mars la Bleue reprend plus ou moins la même idée de démocratie, mais appliquée à une société future, qui après s’être battue contre un régime de multinationales, se demande quel genre de gouvernement planétaire adopter. Ce qui est intéressant ici, c’est de s’interroger sur la mise en place d’une démocratie telle que celle-ci dans le monde moderne. Le monde de K.S.Robinson est un peu différent du notre, la pression démographique liée à la surpopulation est remplacée par la pression environnementale d’une planète en cours de terraformation, la population est très largement composée de pionniers et la pensée scientifique est omniprésente. En dehors de cela, le principe de la société reste le même. Evidemment, ce nouveau type de gouvernement se heurte à l’hostilité des grands groupes et à l’héritage terrestre, mais aussi au scepticisme général.
D’où une liste de quelques problèmes que l’on s’attend à trouver sur le chemin vers ce modèle de démocratie :
-          Méconnaissance politique et amateurisme des gens tirés au sort : euh, ben non en fait. Vous croyez que nos dirigeants connaissent par cœur leurs dossiers, ou qu’ils sont des spécialistes ? L’histoire est remplie d’’exemples d’hommes politiques qui méconnaissent la réalité ou agissent de façon irrationnelle. Les bons administrateurs et gestionnaires de l’état ne le sont pas naturellement, ils bossent, comme tout le monde. Tout comme les tirés au sort le feraient. Quand à l’amateurisme, c’est plutôt une bonne chose : débarrassés des considérations partisanes, les membres du gouvernement ne seront que plus enclins à faire intervenir des commissions indépendantes, à chercher des réponses et à ne pas s’arrêter à la surface des problèmes.
-          La difficulté de mise en place, modèle uniquement viable pour une cité grecque de 20.000 habitants. C’est là que je me surprends moi-même en mettant en avant les fantastiques outils que je déteste en général : internet et les réseaux sociaux utilisés de manière intelligente. Les révolutions arabes semblent prouver que l’on peut véhiculer des idées politiques par la toile, alors pourquoi ne pas y organiser une partie des débats politiques ?
De plus, d’autre pays ont déjà des systèmes de gouvernement participatif (je deviens ségoleniste, on aura tout vu).  Nous n’avons pas tous la chance d’habiter en Suisse et de voter 3 ou 4 fois par an sur des sujets de société. Bon, la "démocratie" suisse est tout sauf parfaite, certains des derniers résultats directement dirigés contre la minorité musulmane montrent à quel point il est facile de mener le peuple par le bout du nez grâce aux médias et à la peur. Certaines institutions de contrôle y manquent encore. Mais l’idée que c’est au peuple de faire les grands choix de société est la base de la démocratie.
-            Trop compliqué, trop de changements, pas sûr que ça marche. Oui, c’est vrai, on peut garder un système pourri où les inégalités augmentent d’année en année, où les abstentionnistes se foutent de ce qui se passe à la tête de l’état mais hurlent quand même lorsqu’ils reçoivent leurs feuilles d’impôt. On peut aussi essayer d’améliorer les choses, mais c’est comme vous le sentez…

Il ne faut surtout pas croire que le peuple doit être guidé, parfois contre sa volonté, par les élites. C’est une sale excuse qui permet aux politiques de se montrer condescendant avec l’électorat et de faire passer leurs intérêts avant les nôtres. Le seul rôle des élites devrait être de nous instruire, de nous donner les clefs nécessaires aux choix qui s’imposent à nous, puis de s’effacer au moment de ce choix. Nous sommes suffisamment intelligents pour assumer une vraie démocratie. A nous de nous battre pour elle. ¡ Viva la Revolución !


PS : Après tout ça, instant musique. Je vous recommande d'écouter SuperHeavy, avec quand même Mick Jagger, Joss Stone, Dave Stewart (ancien Eurythmics), Damian Marley (le fils de Bob) et A.R.Rahman (auteur de la BO de Slumdog Millionaire). Bonne semaine à tous !

mercredi 31 août 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°15 : Intuition asymétrique, ou comment déshumaniser le camp d’en face.


Inspiré par cet article. Je vous recommande le site qui va avec.

Peut être l’ignorez vous, mais l’homme est une créature sociale, il ne se débrouille pas très bien tout seul. Depuis l’époque où nous étions des australopithèques africains, nous avons la manie étrange de nous regrouper en tribus, le but premier étant évidemment de faire face au danger ensemble.
Mais la vie en communauté suppose un certain nombre de lois et de codes qui varient rapidement d’un groupe à l’autre ce qui entraine une culture et des moyens de prouver son appartenance différents. On pourrait s’imaginer que ce phénomène est restreint aux très petits groupes de société primitive et c’est en effet là qu’il est le plus visible, mais nous avons trainé avec nous depuis des millénaires l’une de ses conséquences les plus perverses, l’intuition asymétrique.

Il est assez difficile de se rendre compte à combien de groupes différents nous appartenons. Dans chaque interaction sociale se développe tôt ou tard une codification particulière, des rapports hiérarchiques et une conscience d’appartenance. Ce qui fait que nous sommes humains, occidentaux, européens, parfois bressans pour les meilleurs d’entre nous (ou savoyards, bourguignons ou bretons pour les moins chanceux), scientifiques ou littéraires, de gauche ou de droite, impliqués dans des activités et des groupes d’amis différents… Bref, vous voyez ou je veux en venir. Et l’appartenance à ces groupes va de pair avec un besoin atavique de défendre leurs identités face à leurs homologues ou antagonistes. Et cela passe d’abord par considérer "son" groupe supérieur aux autres. C’est exactement cela que l’on appelle intuition asymétrique : le fait de distordre la réalité pour trouver des qualités à sa tribu et des défauts à celles d’en face, puis de ce contenter de ces simplifications pour traiter avec les membres adverses.
De nombreuses expériences sociologiques montrent que ce phénomène est bel et bien inconscient et qu’il touche tous les groupes, pas juste les supporters de foot. On l’a beaucoup analysé dans les groupes de jeunes enfants mis en compétition, mais il permet d’expliquer de très nombreux comportements qui semblent puérils lorsqu’on est extérieur au conflit. En politique par exemple, où les systèmes bipartites sont toujours sur le dos l’un de l’autre pour ce qui nous semble des broutilles. Ou bien la réaction des spectateurs lorsque deux équipes s’affrontent. Ou encore la diabolisation de l’ennemi pendant et après touts les conflits, avec l’encensement du vainqueur qui va avec.
Je ne dis pas qu’il n’y a jamais de fond à ces débats, mais la certitude que son camp a raison et est le meilleur n’améliore pas la communication, en particulier lorsque tout le monde pense avoir des arguments concrets, non partisans et rationnels. L’intuition asymétrique nous met une immense poutre dans l’œil, et tout ce que nous pouvons voir est la paille dans l’œil du voisin, donc ne succombez pas à vos impulsions premières lorsqu’il s’agit de discuter des points de vu différents !

Le problème peut malheureusement devenir encore plus grave. Lorsque deux communautés s’accrochent sur  des points particulièrement importants, le processus d’intuition asymétrique peut carrément mener à la déshumanisation des adversaires et à un effet de croisade : ce qu’on appelle théoriquement une guerre "juste", mais qui n’en a que le nom. On en arrive à ce terme lorsque les rationalisations ne sont même plus nécessaires tellement la propagande a bien fait son travail de convaincre tout le monde de la supériorité d’un groupe sur l’autre. Les exemples de tels comportements sont monnaie courante dans l’histoire. Je vais juste en prendre un auquel on ne pense pas forcément : la supériorité américaine et anglaise de la 2nde guerre mondiale. On pourrait évidemment parler de l’idéologie allemande, mais ce serait trop facile.
La machine à endoctrinement a plutôt bien marché pendant cette période, et même si, en tant que vainqueurs de la guerre nous l’avons très largement oublié, la diabolisation de l’Axe a été féroce, jusqu’à la déshumanisation. Au hasard ? Hiroshima et Nagasaki, 2 bombes nucléaires, 600.000 morts civiles qui font de Harry Truman (très adulé dans son pays) l’un des plus grands criminels de guerre de l’histoire des USA. Oui, si la guerre s’était finie autrement, il serait sans doute devant un tribunal international. Rappelons aussi que du côté anglais les prêtres prêchaient la guerre sainte contre le démon allemand, et que l’on ne s’est pas gêné pour réduire des villes entières en cendre (comme Dresde, 300.000 morts civils).
 On pourrait encore en citer beaucoup d’autres, depuis le conflit israélo-palestinien, l’esclavagisme et les traites négrières, mais aussi la supposée supériorité intellectuelle française.

L’intuition asymétrique est un moyen de simplification formidable, il permet à la fois de  se rassurer sur sa place dans le monde et de coller des étiquettes à tout ce qui nous entoure (par exemple "ami" ou "ennemi"). Le problème c’est que ce n’est pas la vérité : le monde est complexe et les personnes qui y vivent encore plus. On ne peut pas traiter toutes les individus d’un groupe de la même manière sous prétexte qu’ils partagent quelques idées.
L’homme est désormais assez adulte pour ne pas répéter toujours l’erreur de voir le monde en noir et blanc. Considérez simplement que tout le monde est aussi compliqué (et complexé) que vous et cessez de juger à l’avance en fonction des cases dans lesquelles vous rangez les gens.