Retour dans des domaines moins politiques pour ce nouvel
article, je m’attaque aujourd’hui aux notions de bien et de mal (minuscules
dans les deux cas).
Alors, il existe plusieurs définitions de ces termes, depuis
le très judéo-chrétien passage sur la balance qui détermine la destination
d’une âme, jusqu’au beaucoup plus prosaïque respect de la loi qui nous permet de vivre en
communauté.
Il faut distinguer donc plusieurs types de bien ou de mal. Oublions
tout de suite les notions de Bien supérieur ou de Mal suprême (avec majuscules
cette fois-ci). Si ces extrêmes existent véritablement, ils ne sont pas à la
portée des petits singes que nous sommes. Ils sont soit d’ordre divin (réel ou
imaginaire) soit des limites philosophiques. De plus, ces qualificatifs servent
en général à autoriser des actions qui vont à l’encontre du bien commun.
Car il s’agit bien de cela : de bien commun, ou de mal
à son encontre. Et c’est là que ça se complique.
D’abord le bien commun est-il bonheur collectif (d'une
communauté) ou général (de ses membres) ? Quel est celui à prioriser ?
L’un peut-il aller à l’encontre de l’autre ? Les deux restent évidemment
intimement liés. Notre société a fait le choix (pas vraiment conscient) de très
largement promouvoir le bonheur personnel, en particulier dans son aspect
matériel. Et étonnement, de ne pas assurer son minimum pour tout le monde !
Nous laissant littéralement tremblant sur l’échelle sociale, tentant d’agripper
le barreau suivant sans tomber tout en bas…
Le bien commun des individus est garanti par les lois et
elles établissent les libertés de chacun, qui s’arrêtent où commencent celles
des autres.
Ensuite il est évident que ces notions de bien et mal dépendent
de la culture dans lesquelles ont les emploient. Pourquoi ? Simplement
parce que les savoirs que nous inculquons aux enfants comprennent la base des
règles de vie en société, qui comportent les impératifs moraux, les actes
condamnables ou les règles à ne pas transgresser.
Et comme la culture évolue avec le temps, il n’est pas très
imprudent de s’imaginer que le spectre des valeurs évolue aussi.
Du coup ce que nous prenons pour des valeurs absolues sont
en fait très variables à l’échelle de quelques siècles, voir décennies. Des
milliers d’exemples existent, comme le droit des femmes, notre organisation
sociale, la place de la religion dans la société ou le respect de la vie. Dans
tous ces domaines (et bien d’autres), il existait des absolus, bons ou mauvais,
qui ont complètement changés, simplement parce que le temps a passé et que les
humains sont devenus plus savants ou conscients. Difficile après cela d’imaginer
les limites du bien commun dans quelques siècles. Nos descendants
trouveront-ils horrible que nous consommions de la viande ? Ou que nous
ayons eu des cellules familiales aussi rigides ?
Comment, du coup, considérer que les impératifs moraux qui
nous façonnent sont valides, puisqu’ils risquent de changer d’ici quelques
années ? Faut-il se raccrocher au passé et toujours défendre les valeurs
de nos parents, sans remettre en cause quoi que soit, mais en ayant la
certitude d’utiliser des règles éprouvées ?
La réponse est non, évidemment non.
L’amélioration des conditions de vie humaine, principalement
provoquée par nos progrès scientifiques, va de pair avec une conscience de plus
en plus développée issue de nos avancées éthiques et philosophiques.
Contrairement à ce que beaucoup pensent cependant, le progrès ne s’effectue pas
en ligne droite mais plutôt en arbre. Et toutes les branches ne sont pas aussi
touffues les unes que les autres, ni n’avancent à la même vitesse. Des choix
(pas très conscients encore une fois) sont à faire quant à l’orientation
éthique de la société. Les débats sur le mariage homosexuel, la légalisation
des drogues douces ou le rallongement de la durée de cotisation à 62 ans ne sont
que la partie émergée de l’iceberg. La crise financière et économique récente (directement
liée à notre définition du bonheur personnel et des moyens de l’atteindre) commence
à engendrer une réflexion sur l’organisation du monde, l’assurance d’une
sécurité matérielle pour tous ou encore la vraie définition d’une démocratie.
Le bien commun n’est pas qu’une idée abstraite. Il définit,
plus que ce qui est acceptable dans une société, ce qui est nécessaire à chacun
de ses membres. Il serait peut être temps de réfléchir exactement à ce que nous
voulons pour nos enfants et le faire savoir…
Et pour finir, un petit dessin pour illustrer le niveau de
la campagne présidentielle américaine…
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