samedi 8 septembre 2012

Article express : Bonum communis


Retour dans des domaines moins politiques pour ce nouvel article, je m’attaque aujourd’hui aux notions de bien et de mal (minuscules dans les deux cas).
Alors, il existe plusieurs définitions de ces termes, depuis le très judéo-chrétien passage sur la balance qui détermine la destination d’une âme, jusqu’au beaucoup plus prosaïque respect de  la loi qui nous permet de vivre en communauté.
Il faut distinguer donc plusieurs types de bien ou de mal. Oublions tout de suite les notions de Bien supérieur ou de Mal suprême (avec majuscules cette fois-ci). Si ces extrêmes existent véritablement, ils ne sont pas à la portée des petits singes que nous sommes. Ils sont soit d’ordre divin (réel ou imaginaire) soit des limites philosophiques. De plus, ces qualificatifs servent en général à autoriser des actions qui vont à l’encontre du bien commun.
Car il s’agit bien de cela : de bien commun, ou de mal à son encontre. Et c’est là que ça se complique.

D’abord le bien commun est-il bonheur collectif (d'une communauté) ou général (de ses membres) ? Quel est celui à prioriser ? L’un peut-il aller à l’encontre de l’autre ? Les deux restent évidemment intimement liés. Notre société a fait le choix (pas vraiment conscient) de très largement promouvoir le bonheur personnel, en particulier dans son aspect matériel. Et étonnement, de ne pas assurer son minimum pour tout le monde ! Nous laissant littéralement tremblant sur l’échelle sociale, tentant d’agripper le barreau suivant sans tomber tout en bas…
Le bien commun des individus est garanti par les lois et elles établissent les libertés de chacun, qui s’arrêtent où commencent celles des autres.

Ensuite il est évident que ces notions de bien et mal dépendent de la culture dans lesquelles ont les emploient. Pourquoi ? Simplement parce que les savoirs que nous inculquons aux enfants comprennent la base des règles de vie en société, qui comportent les impératifs moraux, les actes condamnables ou les règles à ne pas transgresser.
Et comme la culture évolue avec le temps, il n’est pas très imprudent de s’imaginer que le spectre des valeurs évolue aussi.
Du coup ce que nous prenons pour des valeurs absolues sont en fait très variables à l’échelle de quelques siècles, voir décennies. Des milliers d’exemples existent, comme le droit des femmes, notre organisation sociale, la place de la religion dans la société ou le respect de la vie. Dans tous ces domaines (et bien d’autres), il existait des absolus, bons ou mauvais, qui ont complètement changés, simplement parce que le temps a passé et que les humains sont devenus plus savants ou conscients. Difficile après cela d’imaginer les limites du bien commun dans quelques siècles. Nos descendants trouveront-ils horrible que nous consommions de la viande ? Ou que nous ayons eu des cellules familiales aussi rigides ?

Comment, du coup, considérer que les impératifs moraux qui nous façonnent sont valides, puisqu’ils risquent de changer d’ici quelques années ? Faut-il se raccrocher au passé et toujours défendre les valeurs de nos parents, sans remettre en cause quoi que soit, mais en ayant la certitude d’utiliser des règles éprouvées ?
La réponse est non, évidemment non.
L’amélioration des conditions de vie humaine, principalement provoquée par nos progrès scientifiques, va de pair avec une conscience de plus en plus développée issue de nos avancées éthiques et philosophiques. Contrairement à ce que beaucoup pensent cependant, le progrès ne s’effectue pas en ligne droite mais plutôt en arbre. Et toutes les branches ne sont pas aussi touffues les unes que les autres, ni n’avancent à la même vitesse. Des choix (pas très conscients encore une fois) sont à faire quant à l’orientation éthique de la société. Les débats sur le mariage homosexuel, la légalisation des drogues douces ou le rallongement de la durée de cotisation à 62 ans ne sont que la partie émergée de l’iceberg. La crise financière et économique récente (directement liée à notre définition du bonheur personnel et des moyens de l’atteindre) commence à engendrer une réflexion sur l’organisation du monde, l’assurance d’une sécurité matérielle pour tous ou encore la vraie définition d’une démocratie.

Le bien commun n’est pas qu’une idée abstraite. Il définit, plus que ce qui est acceptable dans une société, ce qui est nécessaire à chacun de ses membres. Il serait peut être temps de réfléchir exactement à ce que nous voulons pour nos enfants et le faire savoir…



Et pour finir, un petit dessin pour illustrer le niveau de la campagne présidentielle américaine…

lundi 23 avril 2012

Article express : Argumentum ad populum.


Bien, j’avais écrit un article il y a quelques mois pour cracher sur les électeurs du front national suite aux élections cantonales de mars 2011. Je réitère donc mes insultes à l’immense bande de crétins qui votent à l’extrême droite. Au moins, il est bon de se rendre compte qu’il y a un peu de constance dans ce monde de brutes…

L’idéologie du FN ne brille pas vraiment par sa nouveauté, en écoutant Marine hier soir, j’ai eu presque peur qu’elle glisse les mots "travail, famille, patrie" dans son discours et appelle à soutenir le maréchal coute que coute… Tous les sujets abordés par l’extrême droite sont vieux et dépassés : depuis le racisme primaire contre les étrangers jusqu’à la défense des "vraies" valeurs françaises (qui sont quoi au juste ? Jeter dehors les réfugiés des révolutions arabes et maintenir des dictateurs en place ?) en passant par la ruralité et la place de la France (F majuscule important, de préférence de taille XXL) dans le monde. Ce qui est intéressant, c’est que ces sujets étaient déjà démodés il y a 75 ans, alors pourquoi font-ils recette aujourd’hui plus que jamais ?
D’abord parce que nous, humains en général, sommes des imbéciles et que nous imaginons toujours que notre âge d’or est derrière nous. Pour les Le Pen, celui-ci se trouve il y a un siècle, avec un pays colonialiste, des valeurs familiales bien rigides et un patriotisme absolu. Et ce genre d’idylle parle au peuple, c’est une fable où les petits villages sont bien tranquilles et calmes, où les enfants vont à l’école non-mixte en uniforme, où le gendarme fait un grand salut aux ouvriers qui partent travailler. Bien entendu tout cela est faux, les progrès sociaux, économiques, scientifiques et éthiques sont absolument indéniables depuis le début du XXème : l’utopie d’une société meilleure est dans le futur, pas dans le passé…
Ensuite, impossible de savoir précisément si l’affaire Merah a joué un rôle dans cette poussée frontiste, mais on a déjà vu des psychoses faire basculer des élections. Passons immédiatement sur l’horreur de ces évènements, s’attaquer à des enfants est de la barbarie pure et simple, et révèle en plus d’une lâcheté sans borne. Même si l’émotion provoquée par ces actes est immense, il est important d’analyser aussi objectivement les faits : je me fais définitivement l’avocat du diable mais il est à peu prêt sûr que si les meurtres avaient liés à un psychopathe néo-nazi, les dernières semaines de campagne n’aurait pas eu la même orientation et le résultat aurait pu être différent. Pourtant ces meurtres auraient été les mêmes, issus de la folie d’un homme qui se croyait investi d’une idéologie ayant plus de valeur que la vie des hommes.

L’opinion du peuple est toujours changeante. Le fait que la majorité ait toujours raison (Argumentum ad populum, pour les non-latinistes) ne marche que dans le cadre d’une société bien informée, mature et réfléchie. Nous vivons dans une qui n’est aucun des trois.

Pour finir sur une note encore plus acerbe, un petit message à tous ceux qui n’ont pas voté hier et qui se plaignent ce matin des résultats : la prochaine fois, essayez donc de vous rappeler que dans certains pays frontaliers l’abstention est un délit (passible de 500 à 1000€ d’amende pour récidive au Luxembourg) et servez-vous un peu de ce droit fondamental pour lequel sont morts des milliers de citoyens.

mardi 10 avril 2012

Article express : les pouvoirs qui ce qui se cachent derrière la République


Notre charmante république, comme il a déjà été longuement débattu sur ce site, n’est pas aussi démocratique que ce à quoi on pourrait s’attendre. Une des raisons majeures de ce problème est le manque de contrôle du citoyen sur les institutions et le gouvernement.

En fait, la république est constituée principalement de trois pouvoirs (cf Alain):
-       Le pouvoir exécutif qui est monarchique, principalement. L’exécutif, c’est l’action, et par voie de conséquence, il faut quelqu’un qui commande. D’autant plus qu’avec des élections présidentielles très espacées, ils n’existent que peu de moyens de pressions sur un gouvernement en place.
-       Le pouvoir parlementaire et juridique lui plutôt aristocratique et oligarchique. Sa place plus ou moins prépondérante selon les pays provient principalement de la spécialisation et de l’expertise que requièrent la gestion et l’administration de l’état. Et ne nous voilons pas la face, la France possède un système administratif gargantuesque.
-       Le pouvoir de contrôle démocratique exercé par le peuple, autrement dit les élections et les referendums. Et oui, malheureusement, la démocratie n’est actuellement qu’un moyen de contrôle sur le gouvernement, pas un pouvoir décisionnel. J’en veux pour preuve le nombre de referendums de ces 20 dernières années : seulement 2.
Un autre moyen de faire valoir ses opinions existe pour le peuple : la manifestation ou la grève selon les cas. Le problème c’est que cette capacité n’est pas reconnue par les deux autres pouvoirs et n’aboutit pas nécessairement à un contrôle. Il représente plutôt une action révolutionnaire qui s’inscrit en dehors d’un fonctionnement normal de la République. Oui autrefois on coupait la tête de nos monarques, aujourd’hui, on marche jusqu’à Bellecour, mais le principe reste le même.
-       Certains voudraient voir un quatrième pouvoir dans les médias. Ce n’est pas toujours évident. La plupart des journalistes ont beau s’en défendre, ils restent quand même des êtres humains normaux avec des convictions, souvent sujettes à une pensée asymétrique féroce. Donc on ne peut pas vraiment parler d’un organisme indépendant qui ne ferait qu’enquêter et informer en toute objectivité. Il faut sans doute le rapprocher là aussi d’un moyen de contrôle du peuple sur le gouvernement et l’administratif, avec ses dérives.
-       Passons sur le pouvoir économique, qui influence de plus en plus les décisions des deux premiers. Sans doute le seul vrai pouvoir qui émerge des dernières décennies d’histoire. J’y reviendrais dans un futur article.

Tous ces pouvoirs s’affrontent constamment.
Le monarchique considère que l’oligarchique est trop lent et discutaille trop. Il veut plus d’action et de prise de positions. De même il trouve que le pouvoir de contrôle du peuple est trop aléatoire et changeant. L’oligarchique accepte mal de recevoir des ordres du monarchique ou du peuple, considérant qu’il est le plus spécialisé donc le mieux à même de répondre aux problèmes.
Le peuple quant à lui, dépositaire d’un pouvoir démocratique réduit à peau de chagrin, essaie principalement de survivre, désormais relativement conscient que ses choix en matière d’élections n’influence que peu l’orientation de la société. Noal Chomsky, dans sa grande connaissance des affaires mondiales, n’arrêtent pas de répéter que nos démocraties sont en fait des états despotiques extrêmement retors, qui fabriquent du consentement à coup de médias de masse et qui excluent le citoyen d’un quelconque rôle décisionnaire en oubliant bien consciencieusement de lui expliquer les décisions qui sont en train d’être prises…

lundi 5 mars 2012

Article Express : Démocratie II


De nouveau quelques pensées sur notre belle république à la veille d’élections qui vont une fois de plus modifier (un peu) nos vies pour les 5 prochaines années. Comme d’habitude, je vais essayer de rester neutre et impartial (bien que ça devienne difficile) et parler de sujets que peu ont pour l’instant abordés.

Les effets pervers de l’élection. Les élus de la République semblent tous penser que l’accès à leur fonction par suffrage leur donne un chèque en blanc pour la durée leur mandat. Notre très cher (plus pour longtemps) président lui-même répétait à de nombreuses reprises qu’il avait été élu pour agir. En opposition à quoi ? Réfléchir ? Demander l’avis de ses concitoyens ? Faire un peu d’explications et donner une vision globale de sa politique ?
La seule voie vers une vraie démocratie passe par des referendums constants. Et au passage, il est temps pour nos dirigeants d’arrêter de se cacher derrière l’excuse de la complexité de l’état pour éviter la mesure précédente. Tout le monde a un avis sur les questions de société et est capable d’équilibrer un budget (contrairement à tous les gouvernements de ces 20 dernières années).

Ne pas mélanger le pouvoir spirituel et temporel. C’est un vieux débat, lié à la séparation de ce qui concerne l’âme et les choses bassement terrestre, et qui provient de notre héritage judéo-chrétien. Les dirigeants ont le pouvoir temporel, mais voudrait être adulés, aimés et finalement idolâtrés. Et nous voudrions leur donner tout ça, parce que la gloire de la nation est quelque chose qui résonne dans le cœur des hommes. Sauf que c’est exactement la route de la perte de liberté, de la pensée asymétrique et du nationalisme.
Il y a une grande différence entre obéissance et adhésion aveugle. Nous devons obéissance à l’état pour éviter l’anarchie mais la liberté qui nous appartient passe par la résistance et l’expression de nos opinions, sans quoi nous tombons dans la tyrannie.
Nous ne devons pas aimer nos dirigeants, et encore moins nos candidats. Et ils ne doivent pas chercher les applaudissements de la foule.

"L’esprit est ambitieux; tel est le ressort de toute l’injustice." Cette maxime d’Alain est le fondement par exemple de l’existence d’une classe politique professionnelle et spécialisée (pour ne pas dire presque héréditaire).
Tout le monde veut diriger, et plus on est intelligent, plus ce besoin est fort, ne serait ce que pour le faire mieux que le ou les crétin(s) actuellement en place. C’est à la fois très dangereux et très naïf. D’abord parce que cela pousse certains à vendre leur âme pour une parcelle de pouvoir, ensuite parce que cette nécessité de commander entretient l’illusion qu’il est normal d’avoir une seule personne à la tête d’un état. Nous sommes dans une démocratie, bon sang ! Cela fait longtemps que nous aurions dû dépasser le stade de la dictature éclairée.


Petite remarque pour finir, au risque de briser mon vœu de neutralité dans cet article pré-élection : je ne crois pas que les problèmes économiques français proviennent de voyous étrangers trafiquants de drogue qui se payent des berlines avec les allocs de leurs 12 enfants issus de trois femmes différentes. Si vous trouvez que la caricature est un peu poussée, félicitations ! Vous avez plus de matière grise qu’un régiment complet d’électeurs du FN. A bon entendeur, salut !

Et parce que je me suis (en partie) rasé cette semaine, l’histoire cachée derrière le fameux rasoir d’Occam :

mardi 28 février 2012

Le petit mercredi apolitique de gaets n°19 : Islam et Etats


Petit article en cette période de début de campagne présidentielle sur un sujet difficile : l’islamisation des pays arabes, principalement de ceux sortant de leurs printemps. Pourquoi est ce que ça a de l’importance à quelques mois de l’élection qui nous donnera un nouveau chef d’état ? Parce que le rapport aux nouvelles démocraties du Maghreb, l’immigration qui en vient et notre vision de nos propres compatriotes musulmans sont trois sujets dont on entendra parler, ne serait-ce que dans le débat droite – extrême droite.
Certes, on peut trouver préoccupant l’émergence de tout un tas de partis islamistes au moyen orient. Est-ce pour autant une raison d’intervenir partout, d’imposer des sanctions ou de s’inquiéter de l’immigration qui résulte des changements occasionnés ?
Donc comme toute dissertation qui se respecte, faisons un plan thèse-antithèse-synthèse.

Quelle est la règle numéro un de la politique étrangère ? Pas d’ingérence dans les affaires internes d’autres pays. Voilà, c’est dit.
Bon, la réalité est un peu plus compliquée. On ne peut décemment pas laisser des peuples se faire opprimer ou décimer en ayant la conscience tranquille, c’est pourquoi il était temps d’intervenir en Lybie. Mais la diplomatie doit être la première étape, pas comme les gros sabots américains en Afghanistan et en Irak par exemple.
Mais lorsqu’un peuple s’est engagé sur le chemin de la démocratie en gagnant ce droit par une révolte qui lui a couté de nombreuses vies, de quelle autorité nous prévalons-nous de juger le gouvernement qu’il élit ? Et si ce passage par un gouvernement allié aux religieux était nécessaire ? N’oublions pas que dans tous ces pays, le pouvoir qui était en place (souvent d’origine militaire) ne s’appuyait pas sur les islamistes et même plutôt les combattait, voir même opprimait les religieux. Difficile dès lors d’en vouloir à une population de vouloir retrouver ses racines. Le même phénomène s’est déjà produit en Russie, où à la suite de l’effondrement du communisme, on a assisté à un grand retour vers la religion orthodoxe.

D’un autre côté, il est difficile de ne pas s’inquiéter pour l’évolution de la pluralité, des rapports aux autres cultures ou religions et des droits de l’homme dans les pays concernés, en particulier ceux de la femme (si vous trouvez une contradiction dans cette phrase, c’est que nous vivons dans un pays de misogynes linguistiques). Et là, on a beau camoufler ça sous le beau manteau de la culture et tenter de laisser faire, on peut être sur que des retours en arrière sont à prévoir. Oui, par exemple d’un point de vu sociologique et culturel, les femmes obligées de se voiler, qui ne peuvent gérer leur argent et leurs biens, et qui sont considérées subordonnées aux hommes, c’est de l’obscurantisme. De même que l’ostracisation de son voisin parce qu’il n’a pas la même religion ou les mêmes idées politiques (ça marche aussi chez nous).
Alors, on en arrivera peut être pas là, mais les extrémistes de tout poil sont toujours à surveiller, en particulier lorsqu’ils se font appeler Salafistes. Ces fameux intégristes venus d’Arabie Saoudite  (où ils se font appeler wahhabites) représentent aujourd’hui le courant le plus dur de l’Islam. Et grâce à l’argent du pétrole, ils tentent de répandre leur doctrine dans le monde musulman, profitant des printemps arabes comme ils avaient profité de la guerre en Bosnie : on leurs doit  par exemple la construction de la plus grande mosquée en Europe (la mosquée du Roi Fahd à Sarajevo).

Bon, pour faire avancer un peu le schmilblick, il faut se tourner vers les dernières infos et vers les grands partis religieux qui sont majoritaires en Egypte, Tunisie et Maroc, respectivement "Liberté et Justice", Ennahda, et le "Parti de la justice et du développement" ainsi sans doute que celui des prochaines élections libyennes.
Aucun d’entre eux ne brigue pas la présidence de leur pays. Malgré le fait qu’ils soient chacun arrivés premier dans élections post révolution et puissent numériquement imposer le candidat de leur choix, ils ont tous décidé de former un gouvernement d’union avec les autres partis. De plus, tous ont fait le choix de conserver des relations diplomatiques cordiales avec l’occident (et en particulier les Etats-Unis). Enfin, en Egypte, comme en Tunisie, ils se sont opposés aux Salafistes.
Est-ce que tout ça n’est pas exactement le comportement que l’on attend de grands partis républicains ? Du coup, il semble bien que démocratie et Islam ne soient pas incompatibles, contrairement à ce que nous chuchotaient nos peurs occidentales (pas nécessairement infondées). Ces nouveaux gouvernements sont tout jeunes, il faut peut être commencer par leur donner le bénéfice du doute.

Et pour finir, un  paragraphe rapide sur les remarques de certains partis français (plutôt à droite, ne nous mentons pas…) suite à l’immigration provenant des nouvelles démocraties arabes et à la peur que provoquaient les révolutions:
Petit rappel historique : tous les pays monarchiques ont déclaré la guerre à la France lorsque celle-ci a raccourci son Roi, par peur de la contagion des idées révolutionnaires et du flot d’immigration qui suivrait dans leur pays. Comment est ce que notre belle nation, héritière de cet esprit de combat contre l’oppression, peut aujourd’hui avoir peur de ces voisins qui s’émancipent de la dictature ? Ou rejeter ces populations qui fuient la guerre ? Ca ne vous donne pas légèrement envie de vomir ?
La peur et l’ignorance sont les deux armes favorites des populistes (autre nom des fascistes). Les utiliser une veille d’élection n’est rien de plus qu’un moyen de détourner l’attention des vrais problèmes, qu’ils soient économiques ou sociaux. Lorsque vous déposerez vos bulletins dans l’urne, faites le pour les bonnes raisons !

jeudi 5 janvier 2012

Le petit mercredi apolitique de gaets n°18 : De la nécessité de nourrir 8 milliards d’êtres humains


Et oui, la population humaine est en train de suivre une évolution qu’on attribuerait volontiers à celle d’une espèce de criquet qui dévore tout sur son passage avant de tous mourir faute de ressources. Évidemment, l’échelle de temps est un peu plus grande de notre côté mais il n’empêche qu’on se doute tous que la planète ne peut supporter qu’un nombre fini d’humains. Ce nombre, selon les spécialistes, peut varier de 4 milliards (on serait déjà en surpopulation) à une centaine de milliards pour une planète exploitée de façon optimale.
Dans un article précédent, j’exposais ma certitude que l’espace était notre nouvelle frontière et que c’est seulement en l'atteignant que nous pourrions assurer un avenir à l’humanité. Mais soyons honnêtes, même si nous étions en mesure de nous installer ailleurs, on ne transporterait sans doute pas des milliards de personnes jusqu’à cette nouvelle destination. La surpopulation va frapper notre petite planète tôt ou tard, c’est une certitude.

Le problème qui nous intéresse ici, outre ceux de place, d’accès à l’eau ou de tensions internationales, c’est celui de la mangeaille. Sachant que nous mangeons de plus en plus (3600 kcal/hab/jour pour les pays industrialisés alors que l’on peut se satisfaire de 2800) et que nous cuisinons de moins en moins, une foultitude de techniques ont été inventées pour fabriquer de la nourriture moins chère et en plus grande quantité. Depuis le bœuf cloné américain jusqu’à l’huile de palme indonésienne, en passant par les engrais, pesticides et autres OGM, l’industrie agro-alimentaire, contrairement à ce que l’on pourrait penser, est très consommatrice de “nouvelles” technologies.
Mais chacune de ces avancés nous éloignent de ce que nous considérons comme de la nourriture “idéale” qui serait produit dans des fermes bucoliques où les moutons et les choux seraient heureux.
Passons sur la débilité de cette image mentale, voilà où l’équation se complique vraiment : et si il était nécessaire de produire intensivement de la nourriture pour faire manger tout le monde ? Les premiers engrais chimiques de 1800 et la mécanisation des travaux agricoles ont probablement sauvé l’Europe de la famine. Et si nous vivons aujourd’hui jusqu’à 80 ans, c’est aussi en grande partie parce que nous mangeons beaucoup plus sainement, que nos aliments ne sont pas infestés de bestioles et de maladies. En clair, nous vivons mieux parce que nous arrosons nos plantes de pesticides.
Parlons maintenant des OGMs : je suis plutôt quelqu’un de prudent et je hais la façon dont certaines sociétés qui vendent des semences modifiées travaillent, mais où sont les preuves que celles-ci sont dangereuses pour la santé ? Faut arrêter l’obscurantisme ! Avoir peur de quelque chose parce que c’est nouveau, c’est de la bêtise caractérisée (exactement le même débat que ce que j’entends ces temps-ci sur les nanotechnologies). Si la recherche se poursuit et que l’on aboutit à ce qu’on nous promet (des plantes demandant peu d’eau pour la sécheresse en Afrique, ou immunisée à certaines maladies, etc...), pourquoi se priver de ces avancés ?

J’espère que vous l’aurez compris, je me fais ici l’avocat du diable, je ne suis pas un ardent  défenseur de nourriture mal produite. Cependant je ne peux m’empêcher de penser qu’il est impossible de nourrir 8 milliards d’êtres humains au bio (désolé Mélanie !), simplement parce que cela voudrait dire cultiver chaque parcelle de terre utilisable (et donc réduire l’écosystème sauvage, bonne prise de tête messieurs les écolos !), remettre tout le monde dans les champs et se préparer à des épidémies de choléra.
D’un autre côté, des progrès ont été faits : l’industrie agro-alimentaire française et européenne (ce qui signifie une minuscule part de la bouffe produite dans le monde) a effectué un virage pour le mieux. De très nombreux pesticides dangereux ont été interdits, les doses de produits chimiques réduites drastiquement et tout cela sans baisse de rendements. L’agriculture raisonnée fait son petit bonhomme de chemin dans les mentalités.

La crise alimentaire (flambée des prix et famine dans certaines régions du globe) commence lentement à pointer le bout de son nez. Elle est en plus très largement aggravée par la mise en place d’un marché d’obligations sur les récoltes et par le dérèglement climatique.
Quelques réponses à ce problème :
- Changeons nos habitudes alimentaires : nous surconsommons certains aliments qui coûtent très chers à produire. Un exemple ? La viande, avec le bœuf et le porc en tête en termes de consommation dans les pays industrialisés. Il faut 8kg de céréales pour produire 1kg de viande bovine, 5 pour 1kg de porc et seulement 1 pour 1 kg de volailles. Sans compter que les élevages bovins sont parmi les plus grands producteurs de gaz à effet de serre (le méthane) ! Il serait peut être temps de se raisonner un peu…
- Arrêtons de spécialiser des pays entiers dans une seule production : cacao en côte d’ivoire, huile de palme en Indonésie, les biocarburants dans les pays d’Amérique du sud et j’en passe… Une population devrait tout d’abord être en mesure de se nourrir soi-même. Et cela n’a aucun sens de faire voyager de la nourriture sur des milliers de km dans des soutes de cargo pour gagner quelques centimes par tonnes.
- Laissons leur chance aux nouvelles technologies agro-alimentaires. Tout ce que nous mangeons est issu d’un processus de croisement ou d’hybridation, et n’est en aucun cas naturel. Autant se faire une raison et essayer d’éviter de mélanger ce qui est issu d’une peur panique des technologies modernes (même genre de peur que celle du nucléaire) et ce qui est réellement mauvais pour nous.
- En finir avec la bourse qui met ses gros doigts dans le marché de la nourriture mondiale. Assurez la valeur financières de ses récoltes à venir est plutôt une bonne idée pour les paysans, mais il est complètement fou de jouer ce montant sur les places financières. C’est à un organisme international de réguler les prix des matières premières alimentaires si il y a une famine quelque part, pas aux traders de Wall Street.

Etonnamment, et pour finir sur une note encore plus grave, la crise alimentaire sera probablement l’aspect le moins épineux de la surpopulation mondiale, loin derrière l’accès à l’eau, la pollution et les tensions issues des disparités sociales.
Je vous laisse sur ces bonnes paroles et je vais manger mon quinoa-poulet du soir. Bon appétit !