jeudi 27 janvier 2011

Le petit Mercredi politique de gaets n°11 : Suite

La 5ème république et la laïcité sont devenues le cheval de bataille du FN, voilà qui a de quoi surprendre. Beaucoup parlent déjà d’une simple récupération surfant sur la vague du moment, entre bataille contre l’intégrisme et l’éternel combat entre nation et mondialisation.
Etrange en effet lorsqu’on sait par exemple que le patriarche Le Pen a été opposé à toutes les idées de De Gaulle (et qui mieux que le Général peut incarner la 5ème ?)
La laïcité ne consiste pas qu’à défendre une communauté. Tant qu’à prôner haut et fort la séparation de l’église et de l’état, pourquoi ne pas s’attaquer au financement de l’école privée ? Où à l’intégrisme catholique galopant qui est une base du FN ? Pourquoi toujours s’en prendre à la communauté musulmane ? Lorsqu’on se rappelle tout se que le père a pu dire sur les juifs, on peut s’interroger du bien fondé de ce que la fille raconte sur les arabes.

samedi 8 janvier 2011

Le petit Mercredi politique de gaets n°11 : Tant qu’il restera des politiciens

Ode au populisme

« Mes chers amis, enfin le glorieux temps des discours populistes est de retour. Oui, enfin nous pouvons à nouveau employer des phrases chocs sans aucune preuve ou chiffre, pour peu qu’elles aient un écho dans le collectif de peurs inconscientes.
Evidemment, nous ne pouvons que nous féliciter de ce retour à la bêtise des gens du peuple, qui, malgré un nombre croissant de sources d’information, nous écoute et, plus que ça, nous croit. Il semble que ce temps béni où les chasses aux sorcières était monnaie courante soit de retour.
Et désormais seule la franchise est nécessaire à un bon discours politique. Peut importe l’intelligence, la logique, la pondération ! Tant que l’on dit ce qu’on pense, on ne peut plus avoir tort !
Et comme la sagesse populaire a toujours raison (même au mépris du bon sens), dès que l’on rassemble plus de 1% de la population, nos idées sont défendables ! De plus, il est devenu tellement facile de pointer les défaillances des autres politiques, tout en oubliant que nous sommes des produits des mêmes écoles de pensée.
Bref, vous tous, racistes, xénophobes et imbéciles de tous poils de toute l’Europe et d’ailleurs, levez-vous ! Rassemblons-nous tous ensemble autour d’un seul projet : chacun chez soi !»

( PS : Si cher lecteur, vous ne m’avez pas reconnue, sachez que je suis blonde et future directrice d’un mouvement politique français réactionnaire qui essaye de passer aujourd’hui pour révolutionnaire sans changer ses idées… )

Oui, oui, le populisme est de retour dans la plupart des démocraties. On peut aujourd’hui regrouper sous ce drapeau une multitude de parties et de leaders : de Mélenchon et Le Pen chez nous, en passant par Berlusconi en Italie, Palin aux USA, l’UDC en Suisse, le PVV aux Pays-Bas, le SD suédois… La liste est longue. On retrouve aussi des accents de populisme chez des dirigeants politiques beaucoup plus proche de dictateurs comme Viktor Orbán en Hongrie. Mais ne mélangeons pas tout : les partis cités plus haut participent au débat politique, même si ils le font de façon lâche, basse, démagogue et malhonnête.
Le populisme se rapproche beaucoup du fascisme par son idéologie : opposition au parlementarisme (et à la démocratie et aux institutions démocratiques en général) et au capitalisme international, tout en exaltant des notions de patriotisme (nationalisme, identité nationale ?) et de "pureté" du peuple, à défaut de meilleur mot. On pourrait aussi dire qu’il ne considère pas tous les individus comme égaux, en particulier si ils sont étrangers ou n’ont pas la même religion.
Ça ne vous rappelle pas des choses récentes ? Dans le désordre : Opposition à la population musulmane ou des pays de l’Est, et aux institutions européennes (et à l’Euro) partout en Europe. Idem avec les populations mexicaines et musulmanes, et avec le gouvernement démocrate aux USA.
Ne nous y trompons pas : populisme et fascisme même combat !

Pourquoi ce retour en arrière vers ce qui semble être une méfiance accrue envers les autres peuples et les élites ?
On aurait pu croire que la multiplication des supports et de l’accès à l’information réfrèneraient ce genre de dérive. Il semble que ce soit le contraire. Est-ce une sorte de repli conservateur vers un certain nombre de valeurs qui semblent au cœur de la population visée ? Certainement. La peur d’un monde multifocal provoque une peur panique de l’inconnu. La plupart des gens considèrent que le monde est plus dangereux aujourd’hui qu’il l’était il y a 50 ans. Et pourtant, ils ont tort… la décennie 2000-2010 a été la moins meurtrière depuis 1840 (petit lien : http://www.herodote.net/articles/article.php?ID=1193). Alors, la surmédiatisation des problèmes serait elle à l’origine de ce sentiment de peur ?
Peu importe, les résultats sont, eux, bien visibles. Lorsqu’on est effrayé et ignorant, on recherche de boucs émissaires. Ça ne peut pas être de notre faute si les choses vont mal, se disent les bonnes gens, donc c’est quelque chose d’extérieur : immigration, réglementation européenne, libre marché mondial, élites gouvernementale ou scientifique qui ne comprennent pas le peuple…
Et d’un autre côté, l’utilisation de cette peur par les leaders populistes est facile : on s’empare du moindre fait divers et on le gonfle artificiellement. Un exemple ? Une femme qui conduit en niqab est contrôlée par la police de la route et on découvre qu’elle a un mari polygame. Tout te suite, levé de boucliers : on reparle du port du voile intégral et des allocations familiales versées aux familles d’homme polygame. L’affaire fait la une des journaux pendant trois jours et des lois sont votées immédiatement. Tout ça pour un contrôle d’identité ? Combien de personnes exactement ça concerne ? Est-ce que ça vaut tout ce boucan ? Y a pas des trucs plus importants ou qui méritent une célérité identique dans la réaction de l’état ?
Ce qui me choque le plus récemment n’est pas tant la réémergence de ses partis politiques : ils ont toujours plus ou moins existé. En revanche, le fait que leurs idées principales deviennent des sujets de débats nationaux et que les gouvernements les écoutent (et commencent même à utiliser leurs méthodes) est beaucoup plus problématique.
C’est à chacun de faire en sorte que les idées populistes restent là où elles devraient être : dans les livres d’histoire, pour expliquer les guerres du 19ème et début 20ème siècle.