mardi 20 septembre 2011

Le petit Mercredi apolitique de gaets n°16 : Démocratie


Inspiré par ceci (merci théo !) et par Mars la bleue de Kim Stanley Robinson.

Le pouvoir au peuple. Ouais, bien sur… Combien d’entre vous ont vraiment l’impression d’avoir un quelconque pouvoir politique, de vraiment influencer les décisions qui façonnent  le pays ? Pas beaucoup j’imagine. Perso, moi non plus.
Et combien pense que ce pouvoir est entre les mains d’un petit nombre de personnes un peu trop proches des intérêts économiques d’une poignée de patrons ?
Et oui, notre joli gouvernement n’est démocratique que de nom.

Nous pensons que choisir nos maitres est la bonne solution plutôt que de se les voir imposés par la force des canons ou par décret divin. Mais ce n’est pas réellement ainsi que doit fonctionner une démocratie. Nous devrions être nos propres maitres, même si cela est flippant parce que ça nous rend responsable de ce qui se passe.
Et sérieusement, vous avez vu le genre de crapules qu’on met à la tête des états ? Berlusconi en Italie : l’homme d’affaire crapuleux qui contrôle les médias privés, Poutine en Russie : l’ex agent du KGB qui met ses ennemis politiques en prison, et chez nous Sarkozy : le traitre  proche ami des grands patrons (M. Bouygues serait pas le parrain de son fils par hasard ?) qui commence par quadrupler son salaire quand il arrive à l’Elysée. Et ce ne sont pas les pires. Le pouvoir attire les ambitieux et leur donne les moyens de faire à peu près ce qu’ils veulent. Même les hommes de bonne volonté finissent par être corrompus par le pouvoir. Rien de nouveau sous le soleil, ce problème est débattu depuis l’antiquité.
En plus, il y a l’immense problème que représente l’élection et ses trois piliers pourris jusqu’à la moelle : argent, médias et rhétorique, voilà ce qu’il faut pour remporter cet exercice. En quoi cela peut-il nous apporter de bons dirigeants ?


D’où un léger problème sur la signification même du mot démocratie, puisque, finalement, nous sommes plutôt dans un système d’oligarchie contrôlée par ceux que l’on nomme désormais les super-riches, les énarques et leurs amis. 
Comme vous le verrez dans la chouette vidéo de théo (accrochez-vous, ça dure quand même 1h30), il n’y a que peu d’exemples de "vraies" démocraties dans l’histoire, et une seule ressort vraiment du lot : la démocratie athénienne, de son invention au 6ème siècle avant JC jusqu’à sa décadence dans le populisme au 4ème siècle.
Pour simplifier, les athéniens ont choisi un moyen radical pour assurer l’égalité politique des citoyens : le tirage au sort, les mandats courts et l’impossibilité d’un second mandat pour la plupart des fonctions du gouvernement et de la magistrature, le tout doublé par une multitude de commissions de surveillance et par des referendums journaliers sur les affaires de la cité. Ça peut sembler un peu barjo comme idée, mais les bénéfices ont été nombreux. Dans le désordre :
-          La fin de la classe politique (et donc de l’oligarchie). Ben oui, dans une cité où tout le monde (sauf les étrangers, les femmes et les esclaves, faut pas pousser non plus) peut être choisi et tenu responsable de ce qu’il fait pendant son mandat, les citoyens s’intéressent aux grandes questions d’organisation et de gouvernance. Du coup, on ne laisse pas le pouvoir entre les mains d’une poignée de tribuns qui pense plus à eux-mêmes qu’à leurs compatriotes. Et le quidam lambda se forge une conscience et une culture politique, ce qui n’est pas négligeable.
-          La rupture du lien entre les super-riches et le gouvernement. Il est juste constitutif du tirage au sort : impossible de soudoyer des élus qui reste en place un an et qui sont surveillé par des commissions indépendantes. Donc adieu les avantages accordés aux soutiens de campagnes et retour au rôle de base du gouvernement : servir le peuple (et tout le peuple).
-          Une vraie responsabilité des dirigeants. Comme ils sont obligés de rendre des comptes à la fin de leur mandat (et qu’ils peuvent être jugés et condamnés), il vaut mieux qu’ils soient sûrs de ce qu’ils font.  Au passage, vous ne trouvez pas suprêmement débile que nos hommes politiques n’aient pas à défendre leur bilan lorsqu’ils partent ? ça éviterait peut être de se retrouver avec une dette qui crève le plafond ou des années d’avant élection vide de toute réforme mais pleines de fausses promesses (oui, je parle de 2011-2012).

Pour le coup, le livre Mars la Bleue reprend plus ou moins la même idée de démocratie, mais appliquée à une société future, qui après s’être battue contre un régime de multinationales, se demande quel genre de gouvernement planétaire adopter. Ce qui est intéressant ici, c’est de s’interroger sur la mise en place d’une démocratie telle que celle-ci dans le monde moderne. Le monde de K.S.Robinson est un peu différent du notre, la pression démographique liée à la surpopulation est remplacée par la pression environnementale d’une planète en cours de terraformation, la population est très largement composée de pionniers et la pensée scientifique est omniprésente. En dehors de cela, le principe de la société reste le même. Evidemment, ce nouveau type de gouvernement se heurte à l’hostilité des grands groupes et à l’héritage terrestre, mais aussi au scepticisme général.
D’où une liste de quelques problèmes que l’on s’attend à trouver sur le chemin vers ce modèle de démocratie :
-          Méconnaissance politique et amateurisme des gens tirés au sort : euh, ben non en fait. Vous croyez que nos dirigeants connaissent par cœur leurs dossiers, ou qu’ils sont des spécialistes ? L’histoire est remplie d’’exemples d’hommes politiques qui méconnaissent la réalité ou agissent de façon irrationnelle. Les bons administrateurs et gestionnaires de l’état ne le sont pas naturellement, ils bossent, comme tout le monde. Tout comme les tirés au sort le feraient. Quand à l’amateurisme, c’est plutôt une bonne chose : débarrassés des considérations partisanes, les membres du gouvernement ne seront que plus enclins à faire intervenir des commissions indépendantes, à chercher des réponses et à ne pas s’arrêter à la surface des problèmes.
-          La difficulté de mise en place, modèle uniquement viable pour une cité grecque de 20.000 habitants. C’est là que je me surprends moi-même en mettant en avant les fantastiques outils que je déteste en général : internet et les réseaux sociaux utilisés de manière intelligente. Les révolutions arabes semblent prouver que l’on peut véhiculer des idées politiques par la toile, alors pourquoi ne pas y organiser une partie des débats politiques ?
De plus, d’autre pays ont déjà des systèmes de gouvernement participatif (je deviens ségoleniste, on aura tout vu).  Nous n’avons pas tous la chance d’habiter en Suisse et de voter 3 ou 4 fois par an sur des sujets de société. Bon, la "démocratie" suisse est tout sauf parfaite, certains des derniers résultats directement dirigés contre la minorité musulmane montrent à quel point il est facile de mener le peuple par le bout du nez grâce aux médias et à la peur. Certaines institutions de contrôle y manquent encore. Mais l’idée que c’est au peuple de faire les grands choix de société est la base de la démocratie.
-            Trop compliqué, trop de changements, pas sûr que ça marche. Oui, c’est vrai, on peut garder un système pourri où les inégalités augmentent d’année en année, où les abstentionnistes se foutent de ce qui se passe à la tête de l’état mais hurlent quand même lorsqu’ils reçoivent leurs feuilles d’impôt. On peut aussi essayer d’améliorer les choses, mais c’est comme vous le sentez…

Il ne faut surtout pas croire que le peuple doit être guidé, parfois contre sa volonté, par les élites. C’est une sale excuse qui permet aux politiques de se montrer condescendant avec l’électorat et de faire passer leurs intérêts avant les nôtres. Le seul rôle des élites devrait être de nous instruire, de nous donner les clefs nécessaires aux choix qui s’imposent à nous, puis de s’effacer au moment de ce choix. Nous sommes suffisamment intelligents pour assumer une vraie démocratie. A nous de nous battre pour elle. ¡ Viva la Revolución !


PS : Après tout ça, instant musique. Je vous recommande d'écouter SuperHeavy, avec quand même Mick Jagger, Joss Stone, Dave Stewart (ancien Eurythmics), Damian Marley (le fils de Bob) et A.R.Rahman (auteur de la BO de Slumdog Millionaire). Bonne semaine à tous !

2 commentaires:

  1. Aujourd'hui, nuit très arrosée dans un loft avec beaucoup de monde. Ma femme, bourrée, me choppe dans les toilettes et nous faisons sauvagement l'amour. Plus tard dans la soirée, elle me voit de loin et vient me sauter dans les bras. "Oh, mon chéri, tu es enfin arrivé !" Auto-cocufié. VDM

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  2. Merci pour cette participation nécessaire au débat.

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