Inspiré par ceci (merci théo !)
et par Mars la bleue
de Kim Stanley Robinson.
Le pouvoir au peuple. Ouais, bien sur… Combien d’entre vous
ont vraiment l’impression d’avoir un quelconque pouvoir politique, de vraiment
influencer les décisions qui façonnent le pays ? Pas beaucoup j’imagine.
Perso, moi non plus.
Et combien pense que ce pouvoir est entre les mains d’un
petit nombre de personnes un peu trop proches des intérêts économiques d’une
poignée de patrons ?
Et oui, notre joli gouvernement n’est démocratique que de
nom.
Nous pensons que choisir nos maitres est la bonne solution
plutôt que de se les voir imposés par la force des canons ou par décret divin.
Mais ce n’est pas réellement ainsi que doit fonctionner une démocratie. Nous
devrions être nos propres maitres, même si cela est flippant parce que ça nous
rend responsable de ce qui se passe.
Et sérieusement, vous avez vu le genre de crapules qu’on met
à la tête des états ? Berlusconi en Italie : l’homme d’affaire
crapuleux qui contrôle les médias privés, Poutine en Russie : l’ex agent
du KGB qui met ses ennemis politiques en prison, et chez nous Sarkozy : le
traitre proche ami des grands patrons
(M. Bouygues serait pas le parrain de son fils par hasard ?) qui commence
par quadrupler son salaire quand il arrive à l’Elysée. Et ce ne sont pas les
pires. Le pouvoir attire les ambitieux et leur donne les moyens de faire à peu
près ce qu’ils veulent. Même les hommes de bonne volonté finissent par être
corrompus par le pouvoir. Rien de nouveau sous le soleil, ce problème est
débattu depuis l’antiquité.
En plus, il y a l’immense problème que représente l’élection
et ses trois piliers pourris jusqu’à la moelle : argent, médias et
rhétorique, voilà ce qu’il faut pour remporter cet exercice. En quoi cela
peut-il nous apporter de bons dirigeants ?
D’où un léger problème sur la signification même du mot
démocratie, puisque, finalement, nous sommes plutôt dans un système
d’oligarchie contrôlée par ceux que l’on nomme désormais les super-riches, les
énarques et leurs amis.
Comme vous le verrez dans la chouette vidéo de théo
(accrochez-vous, ça dure quand même 1h30), il n’y a que peu d’exemples de
"vraies" démocraties dans l’histoire, et une seule ressort vraiment
du lot : la démocratie athénienne, de son invention au 6ème
siècle avant JC jusqu’à sa décadence dans le populisme au 4ème
siècle.
Pour simplifier, les athéniens ont choisi un moyen radical
pour assurer l’égalité politique des citoyens : le tirage au sort, les
mandats courts et l’impossibilité d’un second mandat pour la plupart des
fonctions du gouvernement et de la magistrature, le tout doublé par une
multitude de commissions de surveillance et par des referendums journaliers sur
les affaires de la cité. Ça peut sembler un peu barjo comme idée, mais les
bénéfices ont été nombreux. Dans le désordre :
-
La fin de la classe politique (et donc de
l’oligarchie). Ben oui, dans une cité où tout le monde (sauf les étrangers, les
femmes et les esclaves, faut pas pousser non plus) peut être choisi et tenu
responsable de ce qu’il fait pendant son mandat, les citoyens s’intéressent aux
grandes questions d’organisation et de gouvernance. Du coup, on ne laisse pas le
pouvoir entre les mains d’une poignée de tribuns qui pense plus à eux-mêmes
qu’à leurs compatriotes. Et le quidam lambda se forge une conscience et une
culture politique, ce qui n’est pas négligeable.
-
La rupture du lien entre les super-riches et le
gouvernement. Il est juste constitutif du tirage au sort : impossible de
soudoyer des élus qui reste en place un an et qui sont surveillé par des
commissions indépendantes. Donc adieu les avantages accordés aux soutiens de
campagnes et retour au rôle de base du gouvernement : servir le peuple (et
tout le peuple).
-
Une vraie responsabilité des dirigeants. Comme
ils sont obligés de rendre des comptes à la fin de leur mandat (et qu’ils
peuvent être jugés et condamnés), il vaut mieux qu’ils soient sûrs de ce qu’ils
font. Au passage, vous ne trouvez pas
suprêmement débile que nos hommes politiques n’aient pas à défendre leur bilan
lorsqu’ils partent ? ça éviterait peut être de se retrouver avec une dette
qui crève le plafond ou des années d’avant élection vide de toute réforme mais
pleines de fausses promesses (oui, je parle de 2011-2012).
Pour le coup, le livre Mars la Bleue reprend plus ou moins
la même idée de démocratie, mais appliquée à une société future, qui après
s’être battue contre un régime de multinationales, se demande quel genre de
gouvernement planétaire adopter. Ce qui est intéressant ici, c’est de
s’interroger sur la mise en place d’une démocratie telle que celle-ci dans le
monde moderne. Le monde de K.S.Robinson est un peu différent du notre, la
pression démographique liée à la surpopulation est remplacée par la pression
environnementale d’une planète en cours de terraformation, la population est
très largement composée de pionniers et la pensée scientifique est
omniprésente. En dehors de cela, le principe de la société reste le même.
Evidemment, ce nouveau type de gouvernement se heurte à l’hostilité des grands
groupes et à l’héritage terrestre, mais aussi au scepticisme général.
D’où une liste de quelques problèmes que l’on s’attend à
trouver sur le chemin vers ce modèle de démocratie :
-
Méconnaissance politique et amateurisme des gens
tirés au sort : euh, ben non en fait. Vous croyez que nos dirigeants
connaissent par cœur leurs dossiers, ou qu’ils sont des spécialistes ? L’histoire
est remplie d’’exemples d’hommes politiques qui méconnaissent la réalité ou
agissent de façon irrationnelle. Les bons administrateurs et gestionnaires de
l’état ne le sont pas naturellement, ils bossent, comme tout le monde. Tout
comme les tirés au sort le feraient. Quand à l’amateurisme, c’est plutôt une
bonne chose : débarrassés des considérations partisanes, les membres du
gouvernement ne seront que plus enclins à faire intervenir des commissions
indépendantes, à chercher des réponses et à ne pas s’arrêter à la surface des
problèmes.
-
La difficulté de mise en place, modèle uniquement
viable pour une cité grecque de 20.000 habitants. C’est là que je me surprends
moi-même en mettant en avant les fantastiques outils que je déteste en
général : internet et les réseaux sociaux utilisés de manière intelligente. Les
révolutions arabes semblent prouver que l’on peut véhiculer des idées
politiques par la toile, alors pourquoi ne pas y organiser une partie des
débats politiques ?
De plus, d’autre pays ont
déjà des systèmes de gouvernement participatif (je deviens ségoleniste, on aura
tout vu). Nous n’avons pas tous la
chance d’habiter en Suisse et de voter 3 ou 4 fois par an sur des sujets de
société. Bon, la "démocratie" suisse est tout sauf parfaite, certains
des derniers résultats directement dirigés contre la minorité musulmane
montrent à quel point il est facile de mener le peuple par le bout du nez grâce
aux médias et à la peur. Certaines institutions de contrôle y manquent encore.
Mais l’idée que c’est au peuple de faire les grands choix de société est la
base de la démocratie.
-
Trop compliqué, trop de changements, pas sûr que
ça marche. Oui, c’est vrai, on peut garder un système pourri où les inégalités
augmentent d’année en année, où les abstentionnistes se foutent de ce qui se
passe à la tête de l’état mais hurlent quand même lorsqu’ils reçoivent leurs
feuilles d’impôt. On peut aussi essayer d’améliorer les choses, mais c’est
comme vous le sentez…
Il ne faut surtout pas croire que le peuple doit être guidé,
parfois contre sa volonté, par les élites. C’est une sale excuse qui permet aux
politiques de se montrer condescendant avec l’électorat et de faire passer
leurs intérêts avant les nôtres. Le seul rôle des élites devrait être de nous
instruire, de nous donner les clefs nécessaires aux choix qui s’imposent à
nous, puis de s’effacer au moment de ce choix. Nous sommes suffisamment
intelligents pour assumer une vraie démocratie. A nous de nous battre pour
elle. ¡ Viva la Revolución !
PS : Après tout ça, instant musique. Je vous recommande d'écouter SuperHeavy, avec quand même Mick Jagger, Joss Stone, Dave Stewart (ancien Eurythmics), Damian Marley (le fils de Bob) et A.R.Rahman (auteur de la BO de Slumdog Millionaire). Bonne semaine à tous !
PS : Après tout ça, instant musique. Je vous recommande d'écouter SuperHeavy, avec quand même Mick Jagger, Joss Stone, Dave Stewart (ancien Eurythmics), Damian Marley (le fils de Bob) et A.R.Rahman (auteur de la BO de Slumdog Millionaire). Bonne semaine à tous !
Aujourd'hui, nuit très arrosée dans un loft avec beaucoup de monde. Ma femme, bourrée, me choppe dans les toilettes et nous faisons sauvagement l'amour. Plus tard dans la soirée, elle me voit de loin et vient me sauter dans les bras. "Oh, mon chéri, tu es enfin arrivé !" Auto-cocufié. VDM
RépondreSupprimerMerci pour cette participation nécessaire au débat.
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